Cachemire rouge, de Christiana Moreau : tisser des liens

Cachemire rouge, de Christiana Moreau : tisser des liens

Borlormaa sait ce que cela signifie. Ils vont procéder à l’ultime récolte printanière, puis ils vendront les chèvres à un producteur chinois et ça sera fini des grands espaces et de la liberté. Il faudra se sédentariser à la ville, vivre en cage dans une maison de béton, travailler confinée dans un atelier de confection sans voir le ciel durant des heures et des heures et, chaque jour, recommencer. Bolormaa est désespérée. Renoncer à ce temps infini, à ces étendues illimitées, à cette symbiose intime avec la nature puissante est pour elle un crève-cœur.

J’avais beaucoup aimé le premier roman de Christiana Moreau, La sonate oubliéeet j’avais donc très logiquement envie de voir ce qu’elle nous réservait dans cette deuxième oeuvre.

Bolormaa a grandi dans les steppes de Mongolie, et tient de sa grand-mère un véritable don pour le tissage et la teinture du cachemire. Mais un jour, suite à plusieurs hivers difficiles, sa famille décide de vendre les chèvres et d’abandonner la vie de nomade. Voilà Bolormaa enfermée dans un atelier de confection chinois où sa vie est celle d’une esclave ; mais avant, elle a confectionné un pull en cachemire rouge qu’elle a vendu à Alessandra, qui tient une boutique à Florence, et qui lui a laissé sa carte. Avec XiaoLi, l’amie qu’elle a rencontrée dans l’atelier de confection, Bolormaa décide de traverser la moitié du monde pour retrouver Alessandra…

Un très beau roman, plein d’humanité et de délicatesse, sur lequel souffle un véritable souffle épique : une ode à la liberté, au choix, au courage — celui de tout quitter, le connu, pour aller vers une vie que l’on espère meilleure. Les destins se tissent entre eux, comme la trame d’un cachemire, et le texte explose de sensualité, avec l’isotopie des rouges, de la lumière, du feu qui parcourt tout le texte : le feu qui brûle et détruit, mais aussi cette flamme de vie qui anime Borlormaa, femme sauvage qui refuse d’être en cage. Un très beau roman sur l’amitié, aussi, et dans lequel on apprend beaucoup de choses sur la vie des nomades mongols et la fabrication du cachemire !

Bref : un roman à découvrir !

Cachemire rouge
Christiana MOREAU
Préludes, 2019

10 commentaires

  1. Merci pour votre critique. J’aime beaucoup ce que vous écrivez sur l’isotopie des rouges, de la lumière, du feu. Et jolie photo…

    J’aime

  2. Antigone dit :

    J’adore cette couverture. Tu donnes envie.

    J’aime

  3. Stephie dit :

    Merci pour ce coup de projecteur, ça fait envie 😉

    J’aime

    1. Oui c’est un joli roman, plein d’humanité

      Aimé par 1 personne

  4. Je garde un superbe souvenir de La sonate oubliée. Je me lancerai donc dès que possible dans cette nouvelle lecture.

    J’aime

    1. C’est différent du premier, mais tout aussi agréable à lire !

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.