Lettres à Joséphine, de Nicolas Rey : l’amour inguérissable

Lettres à Joséphine, de Nicolas Rey : l'amour inguérissable

Qu’est-ce que je faisais avant de te rencontrer ? Qui j’étais ? Je suis incapable de m’en souvenir. J’ai la sensation que j’ai commencé à vivre la première fois où je t’ai vue. Avant, il n’y avait rien. 
Avant, j’attendais juste que tu arrives. Je me rappelle de chaque minute de ces cinq dernières années. Mais je suis incapable d’évoquer les quarante années précédentes. En revanche, je me souviens de tous les trains que nous avons pris, de tous les dîners que nous avons partagés, de toutes les villes que nous avons visitées. J’ai la sensation que, dans une vie, on n’existe qu’une seule fois. Et pas toujours très longtemps. Moi, j’aurai vécu cinq ans. Le temps de notre histoire et ce n’est déjà pas si mal. 

A une exception notable près, j’ai aimé tout ce que j’ai lu de Nicolas Rey : il me touche, par sa sensibilité extrême et la manière dont il met avec la plus grande sincérité ses tripes (pour ne pas dire autre chose) sur la table. Il me touche aussi par la place qu’il donne à l’amour dans sa vie et donc dans ses romans. Son dernier le montrait en sursis avec Joséphine : cette fois, c’est définitivement terminé…

Joséphine n’aime plus Nicolas. Elle en aime un autre. Mais il en faudrait plus pour que lui cesse de l’aimer. Rien ne pourrait faire qu’il ne l’aime plus. Alors il lui écrit, et ressasse leurs cinq années d’amour, refusant de faire le deuil de l’amour, refusant de guérir.

Evidemment, le thème de la rupture amoureuse et de l’impossible deuil est un marronnier de la littérature, et le procédé de la lettre, prétexte à se parler à soi-même et à maintenir un dialogue avec l’autre plus que véritable échange épistolaire n’est pas nouveau non plus : je ne sais pas si c’est parce que je suis en train de l’étudier, mais cela m’a fait penser par moments à Laissez-moi de Marcelle Sauvageot. De loin néanmoins, car Nicolas Rey reste Nicolas Rey, et le texte alterne le charnel, cru, sauvage (on pourrait même aller jusqu’à pornographique), et un romantisme désarmant qui atteint parfois la poésie pure. L’Amour dans sa plus sincère expression.

Ce texte m’a littéralement déchiré le cœur…

Lettres à Joséphine
Nicolas REY
Au Diable Vauvert, 2019

4 commentaires

  1. hello c’est de nouveau moi…bon à la lecture de votre post, je comprends que c’est un livre que je ne lirai pas…je ne vous en dégouterai pas. Je m’explique : donc visiblement Joséphine et Nicolas se séparent. Nicolas considérait sa compagne un peu comme la béquille qui lui a servi à tenir debout pendant pas mal de temps. Seulement voila, une béquille, c’est pour ceux qui ne tiennent pas debout touts seuls et si on leur retire ou que celle-ci casse, patatra c’est le gouffre. Bien sur, je ne suis pas homme à mépriser l’amour, mais plutôt quelqu’un qui a compris quelque chose : l’autre doit rester libre, et si amour il y a , ou eu, c’est grâce à cela l’on arrive à marcher sans et que l’on laisse partir l’autre. Bien sur Nicolas est éloigné de Joséphine, mais il continue à espérer, et à croire qu’elle est encore la ou qu’elle reviendra…la question est : Ne se fait il pas du mal inutilement, et l’amour n’est il pas quelque chose que l’on doit vivre, dans une espèce d’euphorie de tout les jours ? Plus qu’un mal, il doit contenter et faire pétiller nos vies….comme du bon champagne.

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  2. Karine:) dit :

    Je ne crois pas que ce soit pour moi… c’est un thème qui me touche de moins en moins, et le pire, c’est que je ne comprends même pas pourquoi!

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