Ce soir, la lune était ronde d’Arnaud Riou : voyage vers soi

Ce soir, la lune était ronde d'Arnaud Riou : voyage vers soi

Ce que tu ressens, Thomas, ça a un nom. Beaucoup de ceux qui se sont engagés avec honnêteté sur un chemin spirituel connaissent cette sensation de venir d’ailleurs, d’être sur cette terre dans un corps trop étroit, frustrés de sentir sa puissance sans trouver les moyens de l’exprimer. Le souvenir de la source originelle… Le sentiment d’en être séparé… La nostalgie du divin, Thomas… Est-ce que ça résonne en toi ? Cette sensation diffuse qui nous donne l’impression de venir d’ailleurs, de n’être ici que de passage. La nostalgie du divin qui laisse le goût de l’amour et de la plénitude dans notre âme et que nous recherchons dans la banalité de nos gestes quotidiens sans jamais pouvoir les incarner avec autant d’absolu que nous le souhaiterions.

La Pleine Lune n’est que demain, mais tant pis. Vous vous souvenez, l’autre jour, je vous parlais de ma sensation constante d’être en décalage, pas seulement d’ailleurs avec le monde, mais aussi en ce moment avec ma propre vie. Et boum, le jour-même où est paru cet article, qui vu le nombre de messages (surtout privés) que j’ai reçus vous a beaucoup parlé, je reçois ce roman, qui aborde exactement ce sujet. Si ce n’est pas une belle synchronicité, je ne m’y connais plus.

Il s’agit donc d’un roman initiatique. Thomas, le narrateur, est un comédien que son métier ne fait plus vibrer, qui ne sait pas faire les bons choix dans sa vie, qui ne sait d’ailleurs pas faire de choix tout court, et qui se retrouve dans sa vie personnelle englué dans une situation qui ne lui convient pas, sans savoir comment s’en sortir. Carmen, une ancienne comédienne ayant découvert le chemin de la spiritualité, et qu’il recroise à une première (celle du Songe d’une nuit d’été) voit en lui le potentiel qu’il ne voit pas, et l’invite à une espèce de retraite…

Ce ne sont pas les qualités littéraires de ce roman qui sont essentielles, mais bien la manière dont il nous oblige à nous poser des questions sur nous et sur le monde (vous allez me dire : c’est déjà ce que tu passes ton temps à faire : je sais). Thomas, je l’ai vu un peu comme un double (pas seulement de moi, mais c’est un autre problème) : éteint, ne sachant pas où il va, il vit sa vie comme un rôle dans lequel il ne mettrait aucune émotion, et au fil du roman il est ranimé par la pulsion de vie. Il suffisait finalement de peu. Il est bien sûr question ici de ce qu’on trouve habituellement dans ce genre d’ouvrages : les synchronicités (et j’avoue que le fait qu’un personnage explique à Thomas qu’elle a l’impression de venir d’une autre planète m’a fait un drôle d’effet), suivre son chemin, se reconnecter à soi et à ses émotions, se libérer des entraves du passé. Mais c’est plutôt bien fait, et pas « lourd » comme j’ai souvent pu le voir dans ce type d’ouvrages.

Un roman donc qui fait du bien, qui ouvre des pistes d’exploration et de questionnements.

Ce soir, la Lune était ronde
Arnaud RIOU
Solar, 2018

4 commentaires

  1. C’est vrai que ça me paraît intéressant et bien mené. Vraiment dans l’air du temps 🙂

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  2. lorouge dit :

    Tu as aiguisé ma curiosité, très envie de me plonger dans ce récit, d’autant plus que, comme toi, ce sont des questions qui m’habitent constamment

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  3. Je ne recherche pas particulièrement les romans initiatiques…
    Par contre, la sensation d’être complètement différente, d’avoir une force que je ne sais pas exprimer, ça me parle bien tout de même.

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