Parfois, tout semble dérisoire. Toutes ces éraflures dans le ciel, dans la vie, toutes ces joies, ces balafres, ces douleurs, ces dents serrées et ces sourires radieux, ces coups de grisou ou ces coups de foudre, qu’est-ce que ça peut foutre ? Quoi que l’on fasse, quelles que soient les destinées, nous ne sommes que les passagers du temps, c’est lui qui pilote, il faut souhaiter qu’il ne soit pas bourré, distrait, malheureux ou amoureux, qu’il ne nous envoie pas dans le décor sur une inadvertance, une colère ou que sais-je. Attacher la ceinture et espérer pas trop de sorties de route, avaler les jours, jamais identiques mais qui conduisent tous vers la même destination.
J’avais beaucoup aimé le premier roman de Cathy Galliègue, La Nuit je mens. Il était donc logique que j’aie très envie de découvrir son dernier, qui aborde un thème tabou, celui de l’alcoolisme féminin, lié au deuil…
Depuis la mort de son mari dans un accident de voiture, la narratrice, Betty, lit Sagan, écrit, et boit. Elle boit pour oublier les absents. Elle boit pour se souvenir du bonheur.
Ce roman, c’est l’intense et bouleversant portrait d’une femme mise K.O par la vie, par la mort : chaque perte que l’on subit nous rappelle toutes les autres, et on comprend très vite que si Betty est anéantie par la mort de son mari Simon, c’est aussi l’absence de sa mère qu’elle pleure, absence réveillée par la perte de l’homme qui était son pilier. Empreint de nostalgie et de douleur, le texte aborde ces thèmes essentiels que son la mémoire et l’oubli — le douloureux oubli : paradoxalement, l’alcool ici permet à la fois d’oublier et de ne pas oublier. Comment, alors, se relever de son passé quand tout semble ne plus avoir aucun sens ?
Un roman à la beauté sombre, habité par la violence à la fois dans l’écriture et dans les émotions, mais une violence qui est aussi cathartique : descendre au plus profond de la nuit pour pouvoir remonter vers la lumière. Descendre aux Enfers pour en revenir autre.
Et boire ma vie jusqu’à l’oubli
Cathy GALLIÈGUE
Emmanuelle Collas, 2018
comme l’écriture, ça permet d’oublier et de se rappeler en même temps
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J’ai beaucoup aimé ce roman que je viens de terminer. Effectivement, intéressante cette approche de l’alcoolisme au féminin…
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