Je, tu, elle d’Adeline Fleury : une passion ravageuse

Je, tu, elle d'Adeline Fleury : une passion ravageuse

Elle reste la dernière sur la grève, la mer s’approche dangereusement des rochers, elle joue avec les limites, prend des risques, elle a remarqué que c’est souvent au remontant de l’eau qu’elle débusque les plus beaux spécimens, des coquilles bien rebondies, dorées, avec de belles stries. Une fois ou deux, elle avait songé à cette mort délicieuse, se laisser emporter par les flots, retourner à l’élément liquide, là où tout a commencé. Puis elle s’était reprise. Elle avait encore de belles choses à vivre, elle apprendrait à vibrer sans souffrir, d’autres y arrivent bien, pourquoi pas elle ? Peut-être goûterait-elle à l’amour simple, bienveillant, sans étreintes déchirantes, sans effusion des sens, sans perte de repère, sans panique. Une chose est certaine, elle ne veut plus être cette femme explosive, passionnée, volcanique. Elle ne veut plus être cette femme absolue.

Non, je ne deviens pas monomaniaque d’Adeline Fleury (ou si peu que pas). C’est simplement, encore une fois, un effet des synchronicités : juste après avoir enfin lu son Petit Éloge de la jouissance féminineet avant donc de lire son essai Femme Absolumentj’ai reçu ce roman, son deuxième, qu’elle nous propose pour la Rentrée Littéraire, et sur lequel je me suis précipitée même si je ne vous en parle qu’aujourd’hui, puisqu’il traite de mon thème de réflexion : la passion amoureuse.

C’est donc l’histoire d’un amour passionnel. Celui qui nous transporte au plus haut, nous révèle à nous-même. Celui qui nous fait tomber au plus bas. Celui qui nous ravage, nous empêche de respirer, nous rend fou. Un amour à deux, un amour à trois, entre je, tu, et elle.

Le roman a un lien évident avec les deux essais qui le précèdent, même s’il n’est pas indispensable de les avoir lus pour se laisser happer par ce texte bouleversant de sensualité où la passion se fait littéralement possession, au sens où l’explique Tobie Nathan. Pulsion de vie et pulsion de mort s’affrontent dans cette histoire empreinte d’une certaine violence entre une femme (deux femmes même qui fonctionnent en miroir et en double) extrême, excessive, quintessence de femme, débordante de désir et un peu sorcière, et un homme perdu face à l’excès de ce féminin qu’il ne parvient pas à maîtriser et qui lui fait peur, un mâle clivé dans ses désirs.

Ce roman est époustouflant, non seulement dans la maîtrise de la narration qui alterne les trois pôles je/tu/elle et fonctionne comme un puzzle dont la dernière pièce change tout l’aspect, mais aussi dans sa manière de dire la passion amoureuse en en épousant les effets, comme un torrent qui nous emporte : il a creusé un sillon en moi, je m’y suis souvent reconnue, et il m’a même parfois fait pleurer.

A lire absolument, c’est mon premier coup de cœur !

Je, tu, elle
Adeline FLEURY
François Bourin, 2018 (parution le 30 août)

1% Rentrée littéraire 2018 – 2/6

7 commentaires

  1. jostein59 dit :

    Tout pour me plaire, j’avais beaucoup aimé son premier roman

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    1. Je ne l’ai pas (encore) lu

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  2. Mokamilla dit :

    Quelque chose me dit que je vais l’adorer.

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  3. Le sujet de la passion amoureuse me passionne de moins en moins en littérature. Néanmoins, comme dans ta phrase d’ouverture, j’aimerais aussi ne plus être cette femme absolue. Pas qu’en amour, mais dans tous les domaines. Je serais beaucoup moins fatiguée je crois, et sans doute plus heureuse…

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  4. Euh par contre, j’essaie de comprendre ta photo, et je n’y arrive pas ?!!!

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    1. c’est une plante au-dessus

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