Je me demande parmi la foule qui vient de tomber amoureux, qui vient de se faire quitter, qui est parti sans un mot, qui est heureux, malheureux, qui a peur ou avance confiant, qui attend un avenir plus clair. Paris s’ouvre à moi, je traverse la Seine, je marche avec les hommes et les femmes anonymes et pourtant ils sont mes miroirs. Nous formons un seul coeur, une seule cellule. Nous sommes vivants.
Nina Bouraoui m’avait bouleversée il y a deux ans avec Beaux Rivages, un roman qui parlait merveilleusement bien du chagrin amoureux. C’est donc avec elle que j’ai décidé d’ouvrir cette Rentrée Littéraire, parce qu’il y a chez elle une manière de lier l’amour et l’écriture qui me bouleverse.
Tous les hommes désirent naturellement savoir, dont le titre est emprunté aux premiers mots de la Métaphysique d’Aristote, est une quête de soi, entre « se souvenir » et « devenir » et « savoir ». Se souvenir de l’enfance en Algérie, que la narratrice a quittée à l’âge de 14 ans, sans pouvoir rien emporter avec elle ; les odeurs, les couleurs, les sensations qui ont construit l’enfance. Devenir la personne qu’elle est aujourd’hui, son acceptation et sa construction, une écrivaine, une femme qui aime les femmes. Savoir.
Intime et bouleversant, ce roman d’une grande sensualité parle à l’âme : rares sont les auteurs qui savent aussi bien mettre des mots sur cette expérience pourtant universelle qu’est l’amour, le désir, la violence. C’est dans la douleur que l’on apprend à devenir soi, que l’on accepte qui on est. Que l’on trouve sa place dans le monde. Que l’on se réconcilie avec soi-même, que l’on affronte et résout ses contradictions. C’est l’amour, qui nous apprend. L’amour, qui irradie chaque page dans l’affrontement millénaire d’Eros et Thanatos, transcendé par l’écriture — j’écris, malgré mes dix-huit ans je sais, c’est ma raison d’exister, avec l’amour. Désir d’aimer, désir d’écrire : la pulsion de vie est la même, finalement.
De ce magnifique roman je pense on n’a pas fini d’entendre parler, et il le mérite : c’est un grand roman sur l’identité, l’identité nationale et l’identité sexuelle, intime et universel, sublimement écrit : à ne pas manquer !
Tous les hommes désirent naturellement savoir
Nina BOURAOUI
Lattès, 2018
Une auteure que j’adore moi aussi. Une de mes prochaines acquisitions, je ne peux pas passer à côté
J'aimeJ'aime
non !
J'aimeJ'aime
Il m’attend et je m’en réjouis ! Ce sera mon premier de l’auteure !
J'aimeJ'aime
Oh, bonne découverte alors !
J'aimeJ'aime
Moi aussi j’aime cette autrice et j’ai noté ce titre là. Ton billet donne très envie de le découvrir en tout cas, bonne rentrée l’Irrégulière.
J'aimeJ'aime
Merci, bises
J'aimeJ'aime
Vu le sujet, pas pour moi à priori !
J'aimeAimé par 1 personne
Ping : Une nuit à l’hôtel : ne pas être chez soi – Cultur'elle