Entrez dans la danse, de Jean Teulé

Entrez dans la danse, de Jean Teulé

Entrez dans la danse, de Jean TeuléEn moins de deux semaines, on se retrouve avec sans doute mille danseurs dans une cité de seize mille habitants. Mais alors, avant l’automne, tout Strasbourg sera un bal ! cauchemarde Drachenfels. Quand je pense qu’il y a quelques années Érasme avait écrit des strasbourgeois : « La discipline des Romains, la sagesse des Athéniens, la sobriété des Spartiates. » Putain, s’il revenait en ville il ferait une drôle de gueule au milieu des agités du cul. 

Comme je bloque un peu actuellement sur mes lectures, je me suis dit que le dernier Jean Teulé me remettrait peut-être dans la danse (oui, je suis très drôle parfois).

Le roman se base sur un fait historique : une étrange épidémie de danse qui s’est propagée dans Strasbourg, durant l’été 1518. La misère la plus terrible règne dans la ville. Poussés par la famine, les gens mangent leurs enfants, ou les tuent parce qu’ils n’ont plus de quoi les nourrir. C’est ce que vient de faire Enneline, qui, n’ayant plus de lait pour son bébé, le jette à l’eau. Prise de folie, elle se met à danser, sans pouvoir s’arrêter, et entraîne dans sa farandole tout le quartier puis une bonne partie de la ville, au grand désarroi des autorités et de l’Eglise…

C’est avec grand bonheur qu’on retrouve la verve inimitable de Jean Teulé, qui n’a pas son pareil pour nous entraîner à sa suite dans une histoire rocambolesque, invraisemblable et pourtant vraie : le style est vif, la manière de conter souvent drôle et burlesque, tissée de clins d’oeils culturels souvent anachroniques, et en même temps l’ensemble est d’une cruauté assez inimaginable (et certaines scènes donnent un peu la nausée) : ce dont il est question ici, c’est de misère, la famine qui pousse les pauvres jusqu’aux confins de la folie, et la danse jusqu’à la mort devient une espèce de catharsis, l’esprit se noie et le corps s’exprime dans les soubresauts de la folie. Face à des autorités ecclésiastiques qui ne pensent qu’à récolter toujours plus d’argent sur le dos des plus miséreux, à une époque où la Réforme fait son apparition.

Un roman court, mais riche, sur un événement historique qui demeure néanmoins un mystère, et dans lequel Jean Teulé sème tout de même un peu d’amour, pour que ce ne soit pas complètement désespérant. A lire donc !

Entrez dans la danse
Jean TEULÉ
Julliard, 2018

19 commentaires

  1. Roffinella dit :

    Merci, c’est comme toujours très passionnant !
    Si cela vous intéresse, je publie aujourd’hui une grande interview de Jean Claude Bologne, à propos de son « Histoire du couple ».
    http://genres.centrelgbtparis.org/2018/02/26/jean-claude-bologne-vivre-couple-toute-histoire/
    http://genres.centrelgbtparis.org/author/mroffinella/
    Bonne journée et amicalement,
    martine r

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    1. Bonjour, quel entretien passionnant ! Merci pour ce partage.

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  2. Jérôme dit :

    Ce sera ma prochaine lecture. J’aime la truculence de Teulé ans ses romans « historiques ».

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  3. kathel dit :

    Cette histoire vraie est absolument stupéfiante ! J’ai entendu Jean Teulé récemment, son ton, sa manière de parler, contrastent tellement avec les thèmes qu’il choisit qu’il faudrait tout de même que je me décide à lire un de ses livres. Un conseil, je suis une petite nature, alors lequel serait moins « horrible » ?

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  4. Mind The Gap dit :

    Je ne supporte pas ce type là…donc…

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  5. Mokamilla dit :

    J’ai envie de me remettre un peu à Teulé tiens.

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  6. lorouge dit :

    Mais c’est horrible cette histoire… Je vais passer cette fois, sans hésitation 😉

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    1. C’est un peu horrible oui…

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  7. Superbe plume que celle de Jean Teulé. J’avais lu il y a quelques années « Le magasin des suicides » et j’avais adoré malgré le sujet tout de même sordide, disons-le. Son dernier ouvrage est tentant.

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    1. C’est sûr qu’il a un style qui dépote !

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  8. A tors, je lis trop peu Teulé. Cette histoire de danse collective aurait elle à voir avec le « Mal des ardents », ou encore la Maladie de L’ergot de Seigle ?

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  9. Karine:) dit :

    Je ne suis jamais sortie indemne des romans de Teulé… l’idée du bébé noyé… juste ça, ça me bloque.

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  10. Fleur dit :

    J’ai voulu essayer de nouveau Teulé et encore une fois ce ne fut pas une réussite. Son style ne me convient pas malheureusement…

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    1. Ce sont des choses qui arrivent :-/

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