La Part des anges, de Laurent Bénégui

La Part des anges, de Laurent Bénégui

La Part des anges, de Laurent BénéguiIl n’y pouvait rien, quelles que soient les circonstances, la cocasserie de la vie s’imposait à son esprit sans crier gare. Souvent, il aurait préféré ne pas appréhender la réalité au travers du prisme de cette imperceptible vibration de la raison. Ce jour-là, par exemple, alors qu’il venait d’apprendre le décès de Muriel et qu’il devait organiser les funérailles depuis Paris. S’il y avait une situation à prendre au premier degré, c’était bien celle-ci, mais il s’agissait sans doute du plus ancien et aussi d’un des plus précieux legs de sa mère. L’ironie est la semelle qui piétine le malheur, le bras tenu à distance de l’épaule du désastre. Au prix d’un sourire, on poursuit sa route. Et parfois même avec plus d’élégance.

J’avais beaucoup aimé les deux précédents romans de Laurent Bénégui, et notamment Naissance d’un pèrequi m’avait profondément touchée (d’ailleurs, si vous achetez celui-ci, vous trouverez un extrait de mon article sur le rabat). Quoi de plus logique donc que de me pencher sur le roman que nous propose Laurent Bénégui, un auteur dont à mon avis on parle trop peu, en cette rentrée littéraire ?

A 35 ans, Maxime vient de perdre sa mère, Muriel. Il se rend au Pays Basque pour les obsèques, choisit l’incinération et, parce que Muriel aimait profiter de la vie et de ses bonnes choses, une fois récupérée l’urne il décide, mû par une intuition subite, de l’emmener une dernière fois au marché, hommage somme toute assez sympathique. Mais à la terrasse du café du coin il tombe sur Maylis, l’infirmière qui s’est occupée de Muriel, à laquelle il ne s’est jamais intéressé mais qui, là, ne le laisse pas indifférent.

Sur un sujet douloureux, la perte d’un être cher, Laurent Bénégui nous offre un roman à la fois drôle et touchant, plein de tendresse mais aussi de vie. Finalement, ce dont il est question, c’est de la manière dont chacun fait son deuil et compose avec le tragique de l’existence, et si la manière de Maxime est peu conventionnelle il faut l’admettre, elle correspond pourtant bien à Muriel, figure maternelle particulièrement attachante dont le portrait émerge à travers Maxime, mais aussi ses propres paroles, venues de sa position désormais particulière. Une femme vive, gaie, dynamique, généreuse, qui aimait l’amour, les hommes, qui aimait la vie : alors quoi de mieux finalement pour lui rendre un dernier hommage que de déboucher une excellente bouteille de vin, déguster fromages de brebis et foie gras avec du bon pain, et faire l’amour ?

Un court roman, très beau, très sensible, une célébration de la vie qui nous réserve toujours des surprises !

La Part des Anges
Laurent BÉNÉGUI
Julliard, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 28/30
By Herisson

5 commentaires

  1. Moyennement tentée. Auteur que je n’ai jamais lu…

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  2. Pourquoi pas. C’est aussi un auteur que je ne connais pas, mais il y en a tant !
    Je me demande comment tu fais pour en être déjà à 28/30 sur le challenge rentrée littéraire ! Ca m’épate, surtout qu’entre deux, tu lis aussi d’autres livres plus anciens. Bref, tu as de la chance de lire aussi vite, à moins que tu y passes tout ton temps… Mais non, tu travailles et fais aussi d’autres choses !

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    1. J’y passe beaucoup de temps 😉

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