Une apparition, de Sophie Fontanel

Une apparition, de Sophie Fontanel

Une apparition, de Sophie FontanelJ’ai été comme eux. Il m’a fallu cinquante-trois ans, la perte d’un travail, des rides et des cheveux blancs pour commencer d’être enfin l’heureuse femme sur la photo, la fortunée qui se reconnaît dans quelque chose d’admirable, et non plus son parent pauvre. 

Un des romans de la rentrée littéraire que j’étais le plus curieuse de découvrir. J’aime beaucoup Sophie Fontanel, son ton unique, son humour et son autodérision, et surtout, j’avais suivi sur Instragram (un peu perplexe et sceptique) son devenir blanc. Du coup, j’avais fort logiquement (cela m’arrive) envie de comprendre les tenants et aboutissants de ce choix.

C’est l’histoire d’une femme qui a passé l’essentiel de sa vie à douter de son image. A ne pas s’aimer en photo lorsqu’elle était adolescente. A se méfier des compliments. Ce doute, il dure 53 ans. Jusqu’au jour où, suite à une apparition sur le port de saint-Tropez, elle décide d’arrêter de se teindre les cheveux.

Récit, roman, appelons-le comme on veut, ce texte est une sorte de journal de cette transformation progressive, les doutes, les réactions (contrastées mais globalement positives) de son entourage et des inconnus qui lui laissent des commentaires sur les photos (nombreuses) qu’elle poste sur les réseaux sociaux. Le chemin importe ici tout autant que le résultat (honnêtement très réussi). Evidemment, c’est Sophie Fontanel, et l’ensemble est donc fort drôle, mais pas seulement : émouvant, le texte soulève bien des questions, de manière beaucoup plus subtile que bien des essais que l’on peut lire sur le sujet, et finalement parle à toutes les femmes, les poussant à l’introspection : les diktats esthétiques, la liberté folle de faire le choix non pas d’assumer ce que l’on est (il ne s’agit pas d’un retour au naturel, ni simplement d’assumer son âge) mais de devenir et de s’approprier son image, une certaine forme de beauté qui est la sienne. Il y a quelque chose, dans cette transformation, d’une performance artistique.

Sophie Fontanel questionne, mais ne répond finalement pas, sinon pour elle-même : l’un des éléments les plus appréciables ici, c’est qu’elle n’est ni dans le prosélytisme, ni dans l’injonction. Si son statut d’influenceuse lui a permis de faire des émules, de persuader certaines femmes de suivre ce chemin, il n’y a aucun jugement envers les femmes qui en choisiront un autre, parce que cette liberté qu’elle a choisi de revendiquer en cessant de se teindre a pour corollaire la liberté des autres de continuer à le faire : pour ma part c’est totalement hors de question (vous allez me dire : « tu as le temps », et c’est vrai que je n’ai pas tout à fait 40 ans, mais je vous assure que si je n’allais pas régulièrement chez mon coiffeur ma crinière châtain que j’aime tant ne serait qu’un vague souvenir), parce que cette blancheur très proche de la blondeur finalement n’est pas ce que je suis (et je ne crois pas le devenir un jour…).

Bref, le mot d’ordre : liberté !

Une Apparition
Sophie FONTANEL
Robert Laffont, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 13/6
By Herisson

8 commentaires

  1. keisha41 dit :

    Un des livres que j’ai beaucoup envie de lire, j’aime bien déjà ce que j’ai lu de l’auteur. Tu me connais, tu sais donc quel est mon choix, assez minoritaire quand même. mais comme ta conclusion : liberté!

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  2. lucie38 dit :

    tu me donnes envie de le lire

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  3. j ai vu son devenir blanc et j ai adoré alors c est naturellement que tu me donnes l envie de la lire

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    1. c’est clair, il faut que tu les lises

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  4. Miss Zen dit :

    J’aime beaucoup Sophie Fontanel depuis Fonelle et pour les mêmes raisons que toi. Une fois de plus, tu m’as convaincue. Si je continue à te lire, je vais devoir renoncer au coiffeur pour payer ma facture de livres….

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