L’insoumise de la Porte de Flandre, de Fouad Laroui

L'insoumise de la Porte de Flandre, de Fouad Laroui

L'insoumise de la Porte de Flandre, de Fouad Laroui

Pourquoi Fatima avait-elle soudain décidé de porter ce niqab (qui n’en était pas vraiment un) ? Ni son père ni sa mère n’avaient jamais évoqué le sujet, ses frères étaient loin et s’intéressaient peu à la religion, personne n’avait exercé la moindre pression sur elle. Et pourtant cette brillante étudiante de l’Université libre de Bruxelles, passionnée de lecture et dont le monde semblait fait de mots et de citations littéraires, qui courait les musées et les expositions, qui ne ratait aucun débat ni aucune conférence à Flagey, avait un jour acheté cet accoutrement qu’elle portait depuis en permanence à Molenbeek.
C’était d’autant plus incompréhensible qu’elle ne faisait jamais la prière et que personne ne se souvenait de l’avoir vue dans une mosquée.

En ces temps troublés, Fouad Laroui nous propose de suivre le chemin d’une femme de caractère, qui entreprend à sa manière de lutter contre le patriarcat et de se venger des hommes.

Pour avoir la paix, Fatima a choisi de porter un hijab et de se vêtir entièrement de noir dans son quartier de Molenbeek. Mais tous les matins, une fois passé le pont de la porte de Flandre, elle passe se changer chez sa meilleure amie, s’habille normalement et va travailler. Tout aurait pu continuer longtemps de cette manière si, un matin, un de ses voisins, qui a décidé qu’elle deviendrait sa femme, n’entreprenait pas de la suivre…

Un roman qui va sans doute faire grincer quelques dents, et dont l’idée de départ est fort intéressante : à travers le personnage de Fatima, Fouad Laroui pointe avec une certaine férocité les préceptes ridicules imposés aux femmes par les religions (pas seulement l’Islam : le catholicisme en prend aussi pour son grade), femmes qui pour beaucoup n’ont rien demandé. D’un côté Molembeek, tristement célèbre, de l’autre la liberté, et notamment la liberté du corps, dont Fatima profite, de façon symbolique, de manière totale. La femme est grande, l’homme est ridicule : Fawzi, non pas amoureux mais impuissant désirant exercer une pauvre autorité sur une femme soumise (il a mal choisi) est pathétique, et ses déconvenues à mesure qu’il découvre le vrai visage de Fatima (et pas seulement son visage) prêtent à sourire. Puis plus du tout.

Un roman, donc, qui aurait pu être essentiel, les analyses sont souvent intéressantes. Mais tout cela manque de chair et de profondeur : selon moi, ce roman n’est qu’une ébauche, qui aurait nécessité plus de travail, plus de développement, plus d’ampleur pour être utile. Dommage, vraiment dommage…

L’Insoumise de la Porte de Flandre
Fouad LAROUI
Julliard, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 11/6
By Herisson

6 commentaires

  1. J’ai failli l’acheter lors de mon passage en librairie. Je vais peut-être finalement éviter.

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    1. Franchement, je trouve effectivement qu’on reste un peu sur sa faim…

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  2. Jerome dit :

    Si ce n’est qu’une ébauche, je passe mon tour.

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  3. Et bien on va attendre le prochain roman…

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