Le sentiment qui me vient lorsque je regarde mon enfance n’est pas du regret. Quelque chose de meilleur que du regret. Une perspective qui comprend à la fois le regret et l’objet du regret ; ce n’est pas un manque, une absence, mais un paysage qui s’est éloigné et que je vois toujours. Il est là, hors d’atteinte et présent dans les lointains. Je ne le possède pas, mais il fonde ma vie et donne à chaque autre paysage son relief.
J’avais été très touchée par l’antépénultième roman de Simon Liberati, Eva. Mais je n’avais pas voulu lire son avant-dernier, consacré à l’affaire Manson, sujet sur lequel, je l’avoue, je n’ai guère envie de lire quoi que ce soit. Cette année, il revient à une veine plus personnelle, et il était donc évident que ce texte ferait partie de mes premières lectures de rentrée littéraire : le personnage de Liberati, baptisé « le poète » dans Un Roman Français de Beigbeder, m’intrigue et me fascine de plus en plus, donc comment résister à un livre dans lequel il raconte son enfance et son lien à la littérature ?
Difficile de résumer ce texte, tout comme il est difficile de le classer. A la fois livre du père, André, poète surréaliste, réflexion sur la poésie, l’orphisme, l’inspiration, la folie, la mémoire, et autobiographie littéraire où plus que sa vie (même s’il parle d’Eva, nécessairement) Liberati nous raconte les lectures qui l’ont construit et sa naissance à l’écriture, c’est avant tout un sublime hommage à ce qui nous fonde tous : les mots, la littérature.
Une lecture nourrissante et revivifiante, qui comme un journal n’épouse guère d’ordre sinon celui du jaillissement de la mémoire, Mnémosyne. Très érudit et exigeant (voire un chouilla snob par moments), ce texte orphique m’a donné parfois, malgré les différences notables de point de vue, l’impression de lire une âme-soeur : la solitude essentielle, l’impression de ne voir la réalité qu’à travers la littérature, la manière dont des passages souterrains entre les oeuvres se creusent à travers une âme, l’inspiration, la lecture (Lire, c’est aussi se contempler. Quand je lis trop, Eva me reproche de me contempler dans un miroir), le surgissement de l’écriture qui nous traverse. De très belles pages sur l’enfance. En fait, de très belles pages tout court, émaillées de fulgurances sublimes qu’on ne peut que noter pour les retenir. Une oeuvre qui donne envie aussi de se plonger dans certains textes plutôt méconnus, l’auteur ayant somme toute des lectures assez originales.
Un très très beau livre, qui m’a énormément touchée : un coup de coeur, en somme !
Les Rameaux noirs (Mnémosyne)
Simon LIBERATI
Stock, 2017
1% Rentrée littéraire 2017 — 7/12
By Herisson
Snob, tu as lâché le mot qu’il ne fallait pas…
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Non mais snob au sens positif du terme !
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un beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N’hésitez pas à venir visiter mon blog (lien sur pseudo)
au plaisir
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Merci, bienvenue !
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Rien que pour le sous titre ce roman me plaît … Suis une faible femme … 😀
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😉
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Je ne le connais que de nom. J’ai peur qu’il ait un style à des années lumière de ce que j’aime…
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Ah le style est très beau…
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c’est un auteur que je veux lire depuis bien longtemps, tu enfonces le clou!
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oui !!!!
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