Et je pensais : moi aussi, un jour, j’écrirai et les gens ne se sentiront plus aussi seuls ! (C’était mon secret. Quand j’ai rencontré mon mari, je ne lui en ai pas parlé tout de suite. Je n’arrivais pas à me prendre au sérieux. Sauf que, pour moi, c’était une affaire sérieuse. En secret, en secret, je me prenais très au sérieux. Je savais que j’avais la trempe d’un écrivain. Ce que je ne savais pas, c’était combien ce serait dur. Mais personne ne peut le savoir. Et ça n’a aucune importance.)
Un des romans de la rentrée littéraire que j’avais le plus hâte de lire : forcément, il s’agit d’une histoire d’écrivain. Je l’ai donc dévoré parmi les premiers, élégamment alanguie dans mon hamac !
C’est à l’occasion d’une hospitalisation que la narratrice, Lucie Barton, écrivain, revoit sa mère, avec qui elle n’avait que peu de contacts depuis son mariage : issue d’une famille très pauvre, elle a réussi à s’extraire de sa classe sociale, mais du coup ne parvient plus à communiquer avec sa famille. Se tressent alors trois temporalités : celle de l’enfance, celle de la maladie, et celle de l’écriture du roman que nous lisons.
Un roman d’une grande sensibilité, qui nous révèle finalement ce que l’écriture peut faire pour nous aider à mettre au jour nos failles les plus intimes. Un roman sur l’amour, le couple, les enfants, ce qui peut aller mal lorsque les êtres qui s’aiment ne parviennent plus à communiquer. Un roman, aussi, sur la pauvreté extrême et les différences de classes, mais traitées de manière particulière : si Lucy a vécu l’extrême pauvreté de son enfance comme une humiliation, ce n’est pas tant, fondamentalement, pour des questions d’argent, mais plutôt pour des questions de culture, et c’est bien son travail qui sauve Lucy du déterminisme social qui a happé son frère et sa soeur, mais pas elle, car grâce à ses heures de lecture et de devoirs, elle obtient une bourse pour l’université, et se sauve de son destin. C’est aussi, donc, un roman sur l’écriture, sur la fiction, ce qu’elle doit être et ce qu’elle propose au monde.
Bref, un roman riche, complexe, juste et délicat, merveilleusement écrit, qui fonctionne par fragments superposés, révélant toute la richesse de l’être et des liens qu’il tisse avec les autres. Un roman qui m’a beaucoup parlé !
Je m’appelle Lucy Barton
Elizabeth STROUT
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon
Fayard, 2017 (sortie le 30 août)
1% Rentrée littéraire 2017 — 5/6
By Herisson
Je vois que nous sommes une nouvelle fois du même avis :-).
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décidément !
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Je pense vraiment le lire celui-ci 🙂
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Il est très beau !
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Ce roman me tente beaucoup ! Merci pour cette chronique 😉
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You’re welcome 😉
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Ton avis diffère énormément de celui de La Fée, ça m’intrigue d’autant plus.
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Oui, j’ai lu ça ^^
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Même ressenti que toi. J’ai beaucoup aimé cette histoire de femmes et ces deux destins.
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Et la question de l’écriture !!!
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Il m’a beaucoup parlé également. C’est un roman d’une grande délicatesse.
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Oui, délicatesse est vraiment le mot !
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Je l’ai lu aussi cet été (j’en parlerai en septembre) sans savoir qu’il faisait partie de la rentrée littéraire car c’est une amie qui me l’a prêté en anglais. Je l’ai trouvé très fort. C’est le genre de romans qui pour moi se décante et prend de la force en le refermant. Il semble parler d’une certaine banalité mais dit des choses très profondes. J’ai beaucoup aimé!
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Oui j’ai vu que tu le lisais en anglais 😉
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Trop d’avis divergents sur ce titre du coup j’hésite…
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Oui, je comprends !
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