La Fontaine, une école buissonnière d’Erik Orsenna

La Fontaine, une école buissonnière d'Erik Orsenna

La Fontaine, une école buissonnière d'Erik OrsennaCes très jeunes gens ont reçu la même culture, riche et diverse, familiers qu’ils sont des poètes grecs et latins sans oublier les italiens, Boccace, Pétrarque… Dans les littératures plus récentes, ils se sont enchantés du Pâge disgracié, le chef-d’oeuvre de Tristan L’Hermite. Comme souvent, un livre vous touche parce qu’il annonce la suite de votre vie. La lecture est une prémonition. La Fontaine sera page (de Fouquet), disgracié (par Louis XIV). L’Astrée, roman-fleuve et best-seller, est leur promenade favorite, la machine à relancer leurs rêves.

On a souvent une image un peu austère des grands écrivains de la littérature française, on les imagine comme des gens (trop) sérieux, enfermés dans leur cabinet de lecture et d’écriture. On connaît mal leurs oeuvres aussi, influencés par l’école : de La Fontaine, on ne lit la plupart du temps que les Fables, alors qu’il a écrit tant d’autres choses merveilleuses ! Heureusement, il y a Erik Orsenna, qui dépoussière un peu son image.

Retranscription d’une émission diffusée cet été sur France Inter, La Fontaine, une école buissonnière se veut une flânerie biographique et historique : en courts chapitres, Orsenna nous retrace l’existence du plus célèbre des fabulistes mais aussi son époque. Une vie assez mouvementée, et dont il ressort l’image d’un La Fontaine libertin, jouisseur et hédoniste !

Émaillée de larges extraits, des fables bien sûr mais aussi d’autres oeuvres beaucoup plus polissonnes, cette biographie, menée sur un ton primesautier, est un véritable bonheur de lecture, qui finalement touche au coeur de l’idéal classique : plaire et instruire. Bien sûr, on apprend beaucoup de choses, notamment au cours des nombreux détours historiques et culturels (dont certains, de façon amusante, ne sont pas sans rappeler notre époque contemporaine, comme l’affaire Fouquet (et non l’affaire du Fouquet’s, comme il fut entendu à l’occasion d’un oral de bac par une de mes connaissances) : mais si Orsenna est doté d’une solide érudition, il est de ces gens qui savent la transmettre le plus agréablement et le plus légèrement du monde, avec humilité, simplicité et humour. Alors on se passionne pour la vie de La Fontaine comme pour un roman picaresque, et en refermant cette biographie, on n’a qu’une envie : se replonger dans les oeuvres de ce bon vivant parfois mal compris, qui préférait être le loup plutôt que le chien, et la cigale plutôt que la fourmi sa voisine…

A lire et à faire lire (ou écouter en podcast) aux ados !

La Fontaine, une école buissonnière
Erik ORSENNA
Stock/France Inter, 2017

1% Rentrée littéraire 2017 — 3/6
By Herisson

11 commentaires

  1. Leiloona dit :

    J’avais redécouvert ses contes licencieux lors d’une expo … je ne sais plus laquelle. J’adore leur causticité lubrique. 🙂 Nul doute que d’Ormesson sache bien transmettre cette liberté de ton.

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  2. noukette dit :

    Il a l’air réjouissant ce livre !

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  3. Comme tu me dis, Orsenna possède l’art de transmettre le plus agréablement et le plus légèrement du monde. J’ai beaucoup aimé « La grammaire est une chanson douce », « La révolte des accents », et « Les chevaliers du subjonctif ». Le tout écrit dans une langue merveilleuse!

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    1. Ah oui, cette série était géniale !

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  4. Albertine dit :

    Je suis pour ma part restée sur ma faim ( de loup). J’ai trouvé l’ensemble très superficiel. J’ai rédigé mon billet pour Netgalley fort déconfite et suis allée à la pêche aux infos sur ce livre. Le pot aux roses découvert : il s’agit d’un recueil de chroniques radio, j’ai écouté les deux premières et l’écriture d’Éric Orsenna a pris tout son sens. Mais je persiste, des chroniques radio ne font pas un livre.

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    1. C’est clair que le but n’est pas de traiter à fond le sujet, plus d’éveiller la curiosité ! Pour ma part, j’aime assez les chroniques radio sous forme de livre (Michel Serres en fait beaucoup), parce que je n’ai pas du tout le temps d’écouter toutes les chroniques radio que je voudrais, et qu’ensuite l’audio n’est pas mon media (je peine à fixer mon attention)

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  5. Miss Zen dit :

    Ce livre a traversé ma route plusieurs fois ce week-end …. j’y vois un signe.
    J’aime toujours beaucoup ces livres plein d’érudition légère.

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    1. Ah c’est un signe, oui !!!

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