Professeur de désir, de Philip Roth

Professeur de désir de Philip Roth

Professeur de désir de Philip RothUn dicton attribué à un égotiste des plus célèbres, Lord Byron, m’impressionne avec sa mellifluente sagesse et résoud en six simples mots ce qui commençait à m’apparaître comme un dilemme moral insurmontable. Avec une certaine audace stratégique, je me risque à le citer à haute voix à mes condisciples de l’autre sexe qui me résistent sous prétexte que ces méthodes ne sont pas dignes de moi. « Studieux le jour et la nuit dissolu. » A « dissolu », je juge rapidement opportun de substituer « brûlant de désir ». Je ne me trouve pas dans un palais de Venise, après tout, mais au nord de l’Etat de New-York, sur un campus universitaire, et je peux m’offrir le luxe de dérouter un peu plus ces filles qui le sont déjà, semble-t-il, par mon « vocabulaire » et ma réputation grandissante de « sauvage ». En lisant Macaulay pour le cours de littérature, je tombe sur sa description du collaborateur d’Addison, Steele et « Eurêka ! » m’écrié-je, car voici une autre justification prestigieuse de mes notes si hautes et de mes convictions si basses. « Un libertin parmi les érudits, un érudit parmi les libertins. » Parfait ! J’épingle cette formule à mon tableau de travail avec la citation de Byron et directement au-dessus des noms des filles que j’ai résolu de séduire…

Comme je l’avais raconté, et si ma mémoire ne me trompe pas, c’est par ce roman que j’avais tenté, adolescente, d’entrer dans l’oeuvre de Philip Roth, très certainement à cause du titre. Sauf que je pense que j’étais trop jeune, et il ne me reste rien de cette lecture, ou tentative de lecture car il me semble que je n’étais pas allée au bout. C’est donc avec une certaine logique que j’ai décidé d’y revenir…

Professeur de désir est une fausse autobiographie sexuelle. David Kepesh, jeune et brillant étudiant puis enseignant de littérature comparée, est, selon les mots de Byron, « studieux le jour et la nuit dissolue », ou encore « un libertin parmi les érudits, un érudit parmi les libertins », sans cesse en quête d’un désir sans cesse renouvelé.

Je comprends que, malgré le sujet qui ne pouvait que m’intéresser, ce roman ait stoppé net mes élans d’adolescente car, malgré le sujet qui ne pouvait que m’intéresser, il m’a donné du fil à retordre : non que je n’aie pas aimé — je me suis tellement reconnue dans certains aspects de la personnalité de David Kepesh, sa recherche raffinée des plaisirs toujours plus esthétiques qui est aussi une fuite en avant, que je ne peux pas ne pas aimer —, mais j’ai trouvé cette lecture difficile. Peut-être aussi que j’avais la tête ailleurs, et que Roth exige une certaine concentration, je n’en sais rien, mais toujours est-il que j’ai cheminé dans ce roman très lentement, presque à coup de serpe, et que du coup, je me retrouve sans avoir grand chose à en dire d’autre (ça vaut bien le coup d’écrire un article pour dire ça, n’est-ce pas ?). Alors je me pose la question : les thèmes de Roth m’intéressent, ses personnages me plaisent, mais son écriture a tendance à me résister — est-ce un auteur pour moi ?

Professeur de désir
Philip ROTH
Traduit de l’américain par Henri Robillot
Gallimard, 1979 (Folio, 1982)

13 commentaires

  1. Angelilie dit :

    un bel univers et une belle découverte. au plaisir de revenir flâner sur vos pages. N’hésitez pas à visiter mon blog (lien sur mon pseudo)

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  2. Mind The Gap dit :

    Un auteur qui passe pour un monument de la littérature US. Je ne suis pas tenté de le découvrir.

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  3. Mind The Gap dit :

    Au fait , n »hésite pas à visiter mon blog…Warf 😀

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    1. j’ai été voir, je ne comprends pas pourquoi tu dis ça ?

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      1. Mind The Gap dit :

        Par rapport au commentaire juste avant moi…:D 😀

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  4. Sido dit :

    J’en suis persuadée: certains auteurs ne sont pas fait pour nous. Dit autrement: tous les lecteurs ne sont pas faits pour tous les auteurs !

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  5. Lord Byron, « égotiste des plus célèbres »! Soit il y a une erreur de traduction soit Philip Roth écrit vraiment n’importe quoi. Lord Byron est certainement le dernier des égotistes. Lorsqu’on a passé des années à se battre pour la liberté des hommes — des italiens d’abord puis des grecs — en risquant sa vie et en sacrifiant son argent — on est tout le contraire d’un égotiste. Que Philip Roth cite Byron alors qu’il le connaît si peu montre à quel point il se fout de la vérité, de la vraisemblance, de la cohérence, de la biographie, de l’Histoire et du sens des mots. Il trouvait que le mot égotiste sonnait bien — alors il l’a accolé à Byron.
    J’avais déjà du mépris pour Roth pour ses descriptions de scènes de viols comme si c’était un jeu. Je le méprise un peu plus en lisant cet extrait.

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