Et de fait, aucune ville n’est un simple agencement spatial, une étendue administrative ou territoriale, la ville se façonne au rythme des soubresauts des vies de ceux qui l’habitent. En offrant une large gamme de récits individuels, la vie est cette toile de fond où peuvent prendre place une série infinie d’événements, de tragédies et d’aventures. D’une façon différente de l’histoire, la littérature permet à sa manière de saisir certaines des sensations de la ville, de capter, à travers les destinées, imaginaires ou non, de certains de ses habitants, des variations d’ambiance et de décor, des bouleversements, tant en termes de pratiques sociales que de systèmes de valeurs. La littérature écoute et fait résonner l’écho des palpitations de la ville.
Pour être honnête, je n’éprouve absolument aucune attirance pour l’Asie, que ce soit le Japon, la Chine ou la Corée, ou autres : je ne saurais l’expliquer, mais ces pays-là ne font absolument pas partie de mes désirs de voyage, ils ne parlent pas à mon imaginaire. Cela étant posé, je suis tout de même plutôt curieuse, raison pour laquelle je me suis dit que me plonger dans cette anthologie de nouvelles écrites par des auteurs majeurs de la littérature taïwanaise contemporaine.
Après une passionnante introduction historique et culturelle qui permet de contextualiser les histoires et de mieux en saisir les enjeux, huit nouvelles s’offrent au lecteur. Une jeune femme, installée à Taipei depuis 15 ans mais qui, originaire de la campagne, peine à y trouver sa place. Un lycéen jaloux. Un jour de pluie. Un jeune homme né à Taiwan de parents continentaux. Une histoire de toilettes (que pour être honnête je n’ai pas pu lire, les premières pages m’ayant juste donné envie de vomir). Un contrôle routier. Une serveuse de café. Une course de nuit en taxi. Entre les histoires, des petites excursions littéraires et gourmandes dans les restaurants et les marchés de nuit de Taipei.
Alors de fait, ces nouvelles m’ont sortie de ma zone de confort, et totalement déconcertée. L’ambiance est très largement triste, mélancolique voire déprimante et oppressante, les personnages sont perdus et errent dans une ville qui apparaît comme tentaculaire. Mais je me suis surtout beaucoup ennuyée, car dans la majorité d’entre elles j’ai eu l’impression qu’il ne se passait strictement rien, ou pas grand chose : les auteurs lancent des pistes narratives, mais qui n’aboutissent pas, on nous parle d’un personnage, on pense qu’il va jouer un rôle dans l’histoire, mais en fait non. Du coup, j’étais un peu perdue : j’imagine que c’est comme ça que l’on raconte les histoires à Taiwan, mais ce n’est pas ce que j’attends, même si certaines m’ont touchée (deux en fait : « Ça, cette pluie de chagrin » et « Retour nocturne »). En revanche, les petites escapades gastronomiques sont assez amusantes, et l’idée est originale.
Je ne déconseille pas, je pense que les textes sont de qualité, mais ça ne correspond vraiment pas à mon imaginaire et ma vision du monde…
Taipei, histoires au coin de la rue
Traduit du chinois (Taiwan) sous la direction de Gwennaël Gaffric
L’Asiathèque, 2017 (sortie le 3 mai)
L’extrait est très beau. Et tu donne vraiment envie de découvrir cet ouvrage. Merci.
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De rien
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Je viens aussi de terminer ce livre, et je partage ton avis des histoires qui n’aboutissent pas, surtout les premières… En revanche, quel dommage de ne pas avoir continué « une histoire de toilettes », la nouvelle la plus hilarante selon moi dès qu’on se détache de l’histoire, un peu comme Candide!
Mais je te rejoins tout de même sur le fait que les histoires sont sombres… je m’attendais (peut-être que j’aurais préféré?) des histoires plus joyeuses ou dans un autre ton! 🙂
Dans tous les cas, je trouve ça drôle que mes ressentis sur ce livre sont partagés! Si tu veux y jeter un coup d’œil, j’en parle aussi sur mon blog consacré à Taipei! 🙂
https://taipei-discovery.com/
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J’irai voir !
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