Les adieux à la Reine, de Benoît Jacquot

les-adieux-a-la-reine-afficheGrabrielle de Polignac n’a jamais été gouvernée par le souci de me plaire. Et c’est cette liberté qui me plaît.

Retrouvons donc Marie-Antoinette, Reine chère à mon coeur avec ce film que je n’avais pas vu ; je n’ai pas lu non plus le roman éponyme de Chantal Thomas. Et pourtant, le sujet m’intéresse au premier chef… je ne m’explique pas cette lacune.

1789. Alors qu’à Versailles règne l’insouciance, la Révolution gronde. Le 14 juillet, la Bastille et prise, et un vent de panique souffle sur l’Aristocratie. Ce sont les 3 jours qui suivent cet événement historique que nous allons vivre, à travers les yeux de Sidonie Laborde, la lectrice de la Reine, éperdument amoureuse de sa maîtresse pour qui elle est prête à sacrifier sa vie ; mais la Reine, elle, n’a d’amour que pour la sulfureuse Gabrielle de Polignac.

Un film bouleversant de sensualité, dont le coeur n’est pas la Révolution Française (elle est présente comme contexte, comme moteur, mais reste à distance), mais bien ce triangle amoureux cruel et l’amour absolu que porte la Reine à sa favorite, quitte à en devenir égoïste et manipulatrice. Dès sa première apparition, Diane Kruger, parfaite, irradie : on dirait une Vénus sortie des eaux, une fée, un ange, gracieuse et délicate, et en même temps capricieuse et un peu manipulatrice ; à cette beauté éthérée s’oppose celle plus piquante de la brune Virginie Ledoyen, qui incarne une Gabrielle de Polignac (une des bêtes noires de la Révolution) fière et hautaine, mais tout aussi sensuelle. Au milieu, j’avoue que Léa Seydoux (que je n’aime pas beaucoup, cela étant) me semble un peu fade, mais son personnage est intéressant, car un des enjeux du film est de nous montrer, aussi, le point de vue des domestiques de Versailles sur les événements qui secouent la France, et dont ils ont du mal à savoir quoi que ce soit, enfermés dans leur cage dorée.

Il règne sur ce film très charnel, même si au final il suggère plus qu’il ne montre, une grande liberté et en même temps une grande violence. On voit bien combien ce monde danse sur un volcan. Il m’a transportée, mais j’ai tout de même été un peu gênée par l’image très trouble qu’il donne de Marie-Antoinette, finalement conforme à la propagande révolutionnaire qui en a fait l’incarnation de tous les vices : superficielle, égoïste, capricieuse et manipulatrice telle est l’image dominante du film, même si tout ce qu’elle fait, elle le fait par amour. Ce qui est aussi, d’ailleurs, une des accusations des révolutionnaires : ses (supposées) liaisons avec ses favorites, qui apparaissaient à l’époque pour les gens du peuple comme une horreur absolue. On ne saura sans doute jamais si c’est vrai ou faux, et peut-être que cela n’a pas d’importance puisque de toute façon ce n’était pas un crime contrairement à ce que pensaient les révolutionnaires…

Bref, un très beau film, aux décors et aux costumes somptueux, que je recommande !

Les Adieux à la Reine
Benoît JACQUOT
2012

6 commentaires

  1. Romain dit :

    Superbe film un effet dont je garde un souvenir impérissable. Jacquot a le grand mérite d’enfin montrer l’envers et l’endroit de Versailles.
    N’en déplaise aux mauvaises langues, le film n’est pas royaliste mais humaniste.
    Par ailleurs, il s’agit du plus grand rôle de la carrière de Kruger.

    J’aime

  2. mithrowen dit :

    J’ai lu le livre et vu le film. Si je me rappelle bien le livre fait un portrait un peu plus subtile de la reine, mais mon souvenir est vague, car je l’ai lu il y a 5-6 ans en tout cas. Mais j’ai tout de même beaucoup apprécié le film et j’ai un peu le même avis sur Léa Seydoux. Je n’arrive jamais à savoir si elle joue ou si elle est juste un peu apathique…

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.