Lorsque l’objet tant convoité était arrivé, Lionella l’avait accueilli, folle de joie, en le plaçant contre son coeur, avec un bonheur encore jamais éprouvé dans sa jeune existence. Déjà toute petite, elle se sentait en osmose avec cet instrument si sensuel qu’on enlace presque comme un corps. Le violoncelle était entré dans sa vie et ne la quitterait plus.
Dès lors avait commencé la longue initiation, les heures de travail et d’amusement, de découragement et d’allégresse.
Le violoncelle est sans aucun doute l’un des instruments que je préfère écouter, et notamment le prélude de la suite n°1 jouée par Mstislav Rostropóvich, qui a tendance à tourner en boucle dans mes oreilles tant elle me donne des frissons et dont je parle d’ailleurs dans une de mes nouvelles où je m’intéresse au pouvoir érotique de la musique (tout un programme, n’est-ce pas). Bref. Ici il n’est de toute façon pas question de Bach, mais de Vivaldi (que j’aime beaucoup aussi), de Venise et d’un violoncelle Goffriller.
La seule chose qui anime la jeune Lionella, c’est la musique, et le violoncelle en particulier. Inscrite par son professeur au prestigieux concours Arpèges, elle désespère de trouver une oeuvre originale qui lui permettra de se démarquer. C’est alors que son meilleur ami, Kévin, qui ne connaît rien à la musique mais aime profondément Lionella, déniche aux puces un mystérieux coffret, contenant entre autres choses la partition d’une sonate pour violoncelle. Serait-ce une oeuvre oubliée de Vivaldi, écrite pour une de ses élèves de l’Ospidale della Pietà di Venezia ? Intriguée, Lionella se plonge dans la lecture du journal qui accompagne la partition, celui d’Ada, une jeune pensionnaire de la Pietà qui fut l’élève du Maestro..
Un premier roman particulièrement réussi, qui nous fait voyager de Seraing, ville minière près de Liège, à la Venise du XVIIIe siècle avec beaucoup d’habileté. Les âmes des deux jeunes filles, Ada et Lionella, se répondent à travers l’espace et le temps, et communiquent grâce à la magie du violoncelle : toutes deux sont virtuoses, mais seule l’une des deux peut réellement achever son destin musical. L’aspect historique du roman est particulièrement passionnant, car il nous transporte aux côtés de Vivaldi et aborde un aspect de l’histoire assez méconnu (en tout cas de moi) : les figlie di coro, ces jeunes filles abandonnées à la naissance et recueillies par l’Ospidale della Pietà, où telles des nonnes elles étaient vouées entièrement à la musique, jouant dans l’église dans une galerie cachée de tous, et condamnées à l’enfermement. Si la musique vibre dans ce roman, c’est qu’elle y est associée au motif de la liberté. Les pages où l’auteur décrit la relation des jeunes filles à leur instrument sont d’une très grande sensualité.
Et puis, j’avoue, un détail m’a amusée : celui du Goffriller. Souvenez-vous : dans On dirait nous, Soline a un Goffriller de 1701, prêté par un fond de pension anglais ; ici, Ada possède elle aussi un Goffriller, de 1725, et surtout, une banque prête à Lionella… Un Goffriller, fabriqué entre 1695 et 1715. Pas le même, donc, mais tout de même, la coïncidente est rigolote.
Bref : un très bon premier roman, que je recommande chaudement !
La Sonate oubliée
Christiana MOREAU
Préludes, 2017
remarque, les Goffriller, il en existe (j’en ai rencontré)
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Ah…
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Décidément, on parle beaucoup de ce roman sur la blogosphère littéraire depuis quelques jours! Et ton avis confirme ce que j’ai déjà lu ici et là. A retenir et à lire donc! Merci
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Ah oui ? pas sur les blogs que je suis !
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Effectivement, il a l’air top ce premier roman et pour une fois l’aspect historique ne me rebute pas !
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Ah, chouette !
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Alléchante présentation, qui donne envie de lire ce roman ! Merci Caroline, et très belle année à toi, continue de nous enchanter avec l’humour et la bonne humeur qui te caractérisent !
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Merci, très belle année également 😉
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Merci pour votre recension, ça a l’air passionnant même si la conception de la musique dans ce roman ne semble pas extraordinairement nouvelle…
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Comme je n’y connais pas grand chose…
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Ou la la trop de mots clés (violoncelle, Venise, vivaldi) qui me plaisent dans ta chronique pour que je ne l’achète pas très prochainement !! Tres belle photo au passage, merci pour cet article au top 👌🏼
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ça fait plaisir !!!
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J’ai eu un gros gros coup de ❤️ pour ce roman. Je ne m’attendais pas à aimer autant !
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Oui, il est vraiment très beau !
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Je crois que ça me plairait… 😉
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Peut-être bien !!!
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Tentée…!
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youpi !
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J’ai eu un gros gros coup de cœur pour ce livre. Je viens de rajouter un lien vers ton article (j’ai publié le mien hier également).
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😉
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J’arrive des Mes Petites Idées, j’aime les livres, la culture, la musique… Même que je ne peux te promettre fidélité, parfois je ne trouve le temps, je m’abonne pour ne rater pas tes articles. Bisous d’une catalane.
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Bienvenue !!!
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Merci pour cette découverte.
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C’est un plaisir
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Vous avez aimé « La sonate oubliée » et « Cachemire rouge »? Peut-être aimerez-vous aussi « La dame d’argile » qui sortira le 9 juin 2021 en librairies.
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Bonjour, oui, je l’ai déjà lu, merci 😉
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Peut-être aimerez-vous aussi mon nouveau roman « La nuit de la tarentelle » qui sort le 2 mars aux Presses de la Cité?
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C’est fort possible, oui !
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