Beigbeder l’Incorrigible, d’Arnaud le Guern

Il vit au milieu des seins, et non des saints. Dans le monde de Frédéric, les femmes ne sont pas voilées, mais infiniment tentatrices. Ses soixante-dix vierges sont vivantes : elles le narguent durant la Fashion Week. Un mois après la tuerie de Charlie Hebdo, Beigbeder est à Kiev. Il trouve ses mots, qu’il envoie à la NRF de Michel Crépu : « Suis-je un pleutre ? Non, mais je dois vivre. […] Je ne publierai pas ces dessins car j’ai une famille et une rédaction à protéger contre les malades mentaux qui pourraient venir les décapiter dans dix, vingt ou trente ans. Je ne suis pas un héros, ni un bouclier humain. Je veux juste écrire, boire du bon vin et baiser.« 

Beigbeder, je l’aime beaucoup. J’aime ses romans, qui me touchent par leur superficielle profondeur et ce qu’ils disent de l’amour. J’ai aimé ses films. Et j’aime le personnage, provocateur et souvent maladroit, et que je pense souvent incompris. J’avais très envie de lire cette biographie, écrite par Arnaud le Guern, qui connaît bien le sujet Beigbeder.

S’il passe rapidement sur l’enfance, renvoyant le lecteur à Un Roman Françaisc’est pour mieux se consacrer à l’adulte et à son parcours, amoureux comme littéraire, les deux étant du reste inextricablement liés. L’ensemble est ponctué d’un déjeuner (réel ? fictif ?) entre l’auteur et son sujet, où ils commentent l’avancée du livre, dans une ambiance assez proche de ce que Beigbeder fait lui-même lorsqu’il est dans la position de l’interviewer.

Le point de vue tout sauf objectif est totalement assumé : Le Guern et Beigbeder sont amis, et le parti-pris est donc celui de la bienveillance ; qui n’est pas de la complaisance pour autant : si le livre est aussi intéressant, c’est qu’il ne cache rien des turpitudes diverses de Beigbeder, l’alcool, le sexe, la drogue, les provocations et j’en passe.

Mais c’est tout Beigbeder : attachiant, il y a en lui quelque chose de l’ordre de la mise en scène perpétuelle de son personnage de sale gosse, et en même temps une naïveté et une ingénuité parfois confondante. Coeur d’artichaut, on le prend pour un Don Juan alors qu’il aime toujours sincèrement, mais varie souvent, et est déçu, d’où son apparent cynisme. C’est, surtout, quelqu’un qui aime la vie, et tous les plaisirs qu’elle offre, même si cela le conduit à des excès.

Une vie inimitable, où la littérature tient une place de choix. Lire, écrire qui lui permet, en se mettant en scène dans ses romans, de transcender la vie pour en faire de l’art.

J’ai été totalement conquise par cette biographie, et après sa lecture je me sens encore plus proche de Beigbeder, avec qui j’ai somme toute beaucoup de points communs. Elle ravira ceux qui s’intéressent à Beigbeder. Si vous en connaissez, glissez ce livre sous le sapin, ça leur fera plaisir ! Il complète parfaitement People Bazaar : on y croise les mêmes gens aux mêmes endroits !

Beigbeder l’Incorrigible (lien affilié)
Arnaud le GUERN
Prisma, 2016

4 commentaires

  1. agathethebook dit :

    Genial! Je suis tellement fan de lui et ta description de cette biographie m’a conquise. Merci je cours l’acheter

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    1. Si tu l’adores, effectivement, fonce !

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  2. Mind The Gap dit :

    Tu as écrit attachiant…lapsus révélateur ?? J’aime beaucoup le Frédo, mais la biographie faite par son pote, à son âge…je me marre…c’est tout lui ça !! 😀

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    1. Attachiant, je l’ai fait exprès !

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