L’Idéal, de Frédéric Beigbeder

L’embêtant avec la résurrection, c’est qu’il faut mourir avant.

Un jour, lors de mon année de maîtrise, je faisais un exposé sur Les Structures anthropologiques de l’imaginaire de Gilbert Durand, et au cours d’un développement très intéressant (et très sérieux) sur le schème de l’auréole, j’ai commis un lapsus très révélateur de mes propres obsessions : au lieu de dire « l’auréole » donc, j’ai dit… « l’Oréal ». Si je vous parle de ça, c’est parce que cette anecdote m’est revenue l’autre soir en regardant ce film. Je ne vois absolument pas pourquoi d’ailleurs (!). Bref.

Ce film est l’adaptation d’un roman de Beigbeder que je n’ai pas lu, Au secours pardon.

On y retrouve Octave Parango, le héros de 99 francs (que j’ai lu mais pas chroniqué parce que c’était il y a longtemps, mais il est dans ma pile à relire). Après avoir quitté la publicité, il s’est reconverti en scout, métier qui en ferait rêver beaucoup puisqu’il s’agit non pas du petit gars en costume ridicule qui fait du camping dans la forêt, mais bien du rabatteur pour agence de mannequins.

De fait, installé en Russie, Octave a la vie plutôt cool : sexe, alcool, drogue et sexe. A Paris, par contre, c’est la panique chez l’Idéal, grande marque de cosmétiques : leur égérie est au cœur d’un scandale causé par une sextape dans laquelle elle est déguisée en officier nazi… Pour redorer leur blason, il leur faut un nouveau visage, respirant la pureté et l’innocence, et pour le trouver, ils comptent sur Octave !

Dans ce film se superposent les deux aspects en apparence contradictoires de Beigbeder, dont Octave superbement interprété par Gaspard Proust — est l’alter ego.

En surface, ce cynisme absolu qui peut être insupportable pour certains. Le film est drôle, féroce, cruel parfois, et constitue une satire parfaitement réussie du monde du mannequinat, des cosmétiques et des oligarques russes ; la longue scène de la fête, dont beaucoup de critiques ont dit qu’elle était complètement ratée, me semble au contraire très réussie, par son outrance même — Igor est tellement riche que ses nains de jardin sont vivants — qui montre les dérives de ce monde où les gens ont tellement de fric qu’ils ne savent même plus quoi en faire.

De même, l’idée de faire incarner la puissante PDG de L’Idéal, Carine Wang, par Jonathan Lambert, est formidable. Quant à Audrey Fleurot, elle est fantastique. Cette dimension politique et sociale du film, très caustique, brute de décapage, est particulièrement réussie donc, et la scène de la conférence de presse est à voir absolument.

Et puis, il y a l’autre versant de Beigbeder. Le romantique un peu guimauve. Versant qui passe admirablement bien dans ses romans. A l’écran, un peu moins, et j’ai trouvé la fin un peu too much, sans savoir si c’était volontairement parodique ou juste dégoulinant de bons sentiments. Je pense que le film aurait dû s’arrêter à la conférence de presse.

Reste que j’ai passé une excellente soirée avec ce film et que je le recommande chaudement, ne serait-ce que pour ses acteurs qui sont, je le répète, excellents, mais aussi pour certaines scènes particulièrement réussies, qui mettent un bon coup de pied où il faut, et ça fait quand même du bien !

L’Idéal
Frédéric BEIGBEDER
2016

12 commentaires

  1. anaverbaniablog dit :

    Malgré quelques longueurs, j’avais beaucoup aimé le roman. Je pense regarder le film quand je trouverai le DVD. 🙂

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    1. Il est en VOD donc en DVD ça ne devrait pas tarder !

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  2. Mind The Gap dit :

    Je n’ai pas lu ce roman là, en fait 99 francs m’avait séduit car j’ai fait des études de marketing et c’était vraiment décapant mais sans plus. Quant au film, il est déjà sorti en DVD ce qui veut dire qu’il a pas marché. Proust j’aime beaucoup son humour féroce et j’aimerais que le Frédo nous sorte un nouveau vrai roman…

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    1. Il n’est pas sorti en DVD/VOD plus vite qu’un autre !

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      1. Mind The Gap dit :

        Heu, pardon Caroline, renseigne-toi, c’est même plus un bide au niveau du nombre d’entrées, c’est un naufrage…

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        1. Certes mais ce n’est pas toujours en lien avec la date de sortie en DVD 😉

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          1. Mind The Gap dit :

            Oui , enfin je crois que les sorties rapides sont pour les bides et les gros succès , pour profiter de la ferveur des spectateurs ciné. Bah écoute, Fredo est un fainéant je crois, et il le dit lui même, ça va l’inciter à bosser et quand il bosse ben il écrit un roman français, Ouna et Sallinger ou d’autres bons livres….

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          2. Ses livres sont excellents c’est sûr !

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  3. tinalakiller dit :

    Dans l’ensemble (sans avoir lu le livre en question), je trouve ce film assez agréable, parfois drôle et bien joué mais effectivement la fin m’a « dérangée » et finalement il y a quelque chose de déséquilibré dans le scénario (la fin est expéditive).

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    1. oui la fin est expéditive !

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  4. AuroreVoyage dit :

    Je n’avais pas lu de bonnes critiques de lu, du coup, cette fois-ci, j’ai fait l’impasse sur cette adaptation de Beigbeder par Beigbeder !

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    1. Ce n’est pas le film du siècle, mais il vaut mieux que ce qu’en disent les critiques, je trouve !

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