Lettre de consolation à un ami écrivain, de Jean-Michel Delacomptée

Lettre de consolation à un ami écrivainJe vous écris parce que votre décision m’a paru irrévocable et que je souhaite vous convaincre d’y renoncer. Me mêlant de ce qui me regarde au nom de mon admiration pour votre oeuvre, je me refuse à croire que vous puissiez abdiquer. Ce sacrifice vous tuerait. Vous sentez-vous sincèrement capable de remiser au grenier des illusions perdues ce qui donne sens à vos journées, à l’air que vous respirez, au sang qui vous irrigue, à tout ce que vous êtes ? Le besoin d’écrire vous l’interdira.

Je ne sais plus du tout où j’avais noté ce petit livre. Peut-être une mention dans Lire, mais rien n’est moins sûr. Du reste, ce n’est pas très grave, l’essentiel étant que j’avais envie de voir d’un peu plus près de quoi il retournait, plus précisément que du fait d’écrire.

Lors d’une rencontre en librairie, un ami de l’auteur, écrivain lui aussi, a fait part à l’assemblée de sa décision irrévocable de cesser d’écrire, lassé que ses oeuvres ne soient pas lues. Alors, Jean-Michel Delacomptée lui écrit cette lettre pour essayer de le faire changer d’avis. L’occasion de réfléchir à la littérature contemporaine et, au-delà, de poser cette question essentielle : qu’est-ce que la littérature ?

Sur un mode plaisant qui évite la lourdeur de l’exercice de l’essai didactique (même si je le classerai tout de même dans cette catégorie), Jean-Michel Delacomptée nous offre un texte salutaire et stimulant, dans lequel il se place du point de vue non du théoricien mais praticien. La question des frontières du littéraire s’est posée il y a peu, avec la querelle du prix Nobel. Delacomptée va plus loin, et, chemin faisant, aborde grand nombre de questionnements : l’écriture comme nécessité ou désir, la situation de la littérature en France, la notoriété, l’Académie Française, les prix littéraires, la tyrannie du réel, l’enseignement, le style… autant de sujets riches et féconds sur lesquels, parfois, il est bon de s’arrêter et de réfléchir un peu.

Toute la lettre est construite sur un parti-pris d’exigence, celle du primat de la forme et du style, auxquels l' »authentique écrivain » est toujours attentif. Très sévère avec beaucoup d’auteurs contemporains, peut-être parfois un peu élitiste et condescendant, Jean-Michel Delacomptée cherche finalement, peu ou prou, à lancer une nouvelle querelle des anciens et des modernes.

Si j’ai souvent été en désaccord avec l’auteur, qui me semble trop souvent ne s’intéresser qu’à la dimension formelle et stylistique du littéraire au mépris du fond alors la littérature est une alchimie des deux, si j’ai trouvé qu’il était injuste avec certains et semblait considérer que si un auteur se vend beaucoup c’est forcément qu’il est peu exigeant (et inversement) (ce qui est faux), j’ai, justement, adoré débattre virtuellement avec lui et du coup approfondir mon point de vue sur certains sujets.

Un texte passionnant donc, qui pose les bonnes questions sur le sujet qui nous passionne tous : la littérature ! A avoir dans sa bibliothèque !

Lettre de consolation à un ami écrivain
Jean-Michel DELACOMPTÉE
Robert Laffont, 2016

challenge12016br10% Rentrée Littéraire 2016 – 34/60
By Lea et Herisson

6 commentaires

  1. Hélène dit :

    Oh oui, je le veux !!

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  2. J’étais tentée au début de ton billet, puis quand tu dis que l’auteur est plutôt élitiste dans sa vision de la littérature, je crois que cela m’énerverait. Donc je passe !

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    1. C’est mon point de vue, après à voir…

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