Mais avaient-ils aimé un seul de leurs semblables plus qu’eux-mêmes ? Au point de perdre tout bon sens ? Avaient-ils connu l’ardeur et l’embrasement ? Avaient-ils atteint ce point d’incandescence au contact de l’autre ? Avaient-ils été dévorés d’impatience hors de sa présence ? Avaient-ils à la fois défié Dieu, les hommes et la mort pour une seule personne ?
Au départ, j’ai choisi ce roman un peu par hasard. D’abord par pur esprit de contradiction, attendu que ce doit être à peu près le seul roman de la rentrée littéraire Gallimard à ne pas être sur toutes les listes de prix d’automne. Ensuite parce que j’ai peu lu Benacquista, mais que j’ai adoré Homo Erectus. Enfin, bien sûr, parce que le résumé me plaisait. Mais à y regarder de plus près, je pense que le hasard n’a rien à voir dans cette histoire, et que ce roman est venu jusqu’à moi… Encore une fois, la synchronicité a frappé !
En cavale aux Etats-Unis, un couple de Français commet l’imprudence de se montrer en public pour assister à une représentation théâtrale. C’est qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle pièce : Les Mariés malgré eux raconte l’histoire, au Moyen-Age, d’un couple de manants, lui braconnier et elle glaneuse, dont l’amour absolu, défiant toutes les lois humaines, divines et diaboliques, leur a valu bien des malheurs. Cette histoire, les deux Français la connaissent bien, puisque c’est la leur !
Fabuleux, lumineux, je manque de qualificatifs pour caractériser ce roman. Mêlant les mythes du Juif errant et des amants maudits, mâtiné de Divine Comédie et de beaucoup d’autres mythes qu’il serait vain de vouloir tous citer, Tonino Benacquista nous entraîne dans une histoire d’amour absolu qui défie tout, à commencer par le temps, la mort et toutes les règles. Ces deux-là n’ont pas de nom, parce que leur histoire parle à tous, tous ceux qui s’aiment en tout cas. Et c’est bien l’un des pouvoirs du récit, du conte, de la littérature dont il s’agit également ici : l’histoire circule, se raconte, sauve des vies, modifie le regard, parle aux âmes. Car c’est la force des grandes œuvres : elle parle à chacun, qui y retrouve une partie de son histoire. Et elles peuvent changer le monde…
A la fois très spirituel et dynamique, souvent drôle, ce roman, où il est aussi question de marginalité et de liberté, d’écologie aussi, est un gros coup de coeur ! Je l’ai tellement aimé que j’aurais voulu l’avoir écrit !
Romanesque
Tonino BENACQUISTA
Gallimard, 2016
Punaise j’adore cet auteur § Alors comment résister après un billet pareil 😉
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On ne peut évidemment pas !
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la dernière phrase de ton billet claque ! Je ne connais pas bien cet auteur, mais j’avais beaucoup aimé « Quelqu’un d’autre »
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Franchement, c’est magnifique !
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De l’auteur j’ai adoré Saga et une autre (plus en tête) alors là je pensais retrouver le même genre de lecture. Tu l’auras deviné : j’ai abandonné…
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Ah, mince…
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De Benacquista, je n’avais lu que « Saga » et « Trois carrés rouges sur fond noir » qui m’avaient beaucoup plu tous les deux, bien que très différents. L’auteur m’a à nouveau surprise avec « Romanesque » que j’ai beaucoup aimé : l’histoire de ces amants sublimes qui ont un message pour l’humanité… un titre follement romanesque au sens noble du terme. Dommage en effet qu’il ne soit pas sur la liste d’un prix !
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Oui, c’est étrange, d’autant que Gallimard a réussi à les placer à peu près tous…
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Si je n’avais pas de contrainte de temps… je m’y plongerais peut–être…
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Ah, le temps…
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A noter car j’adore Benacquista et ta chronique me donne tres envie de lire celui ci!
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Celui-là est vraiment bien !
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