Danse d’atomes d’or, d’Olivier Liron

Je revois mes nuits d’amour avec Loren comme une seule nuit d’amour. Une seule nuit et mille et une nuits d’amour, c’est comme si une nuit d’amour n’existait pas en elle-même mais dans un continuum d’espace et de temps ; au sein de toutes les nuits passées ensemble, chaque nuit se déploie singulièrement, chaque nuit a sa lumière propre, chaque étreinte est différente de la suivante, comme des vagues qui se succèdent et se ressemblent sans jamais être exactement semblables, exactement pareilles, roses, vertes, bleues, transparentes, feux follets semés comme des indices dans la forêt de ton corps. J’ai en mémoire des images éclatantes ou impures, et chaque nuit résonne avec une nuance précise, chaque nuit fait éclater dans toutes les zones de mon corps des électricités particulières et violentes, chaque caresse épelle des vertiges, fixe des abandons, diffuse dans mes organes l’infinie variété du plaisir. 

Comment résister à un roman au titre si poétique ?

Loren et O. se rencontrent de manière banale, chez des amis. Ils apprennent à se connaître, tombent amoureux. Et puis, un jour, Loren disparaît, sans un mot. Alors O., désespéré, se met à la chercher…

Il y a, dans ce roman bouleversant et puissamment charnel, quelque chose de l’ordre de la magie : une écriture sensible et pleine de poésie, et en même temps pas dénuée d’une certaine légèreté voire d’une vraie fantaisie malgré un sujet grave, une manière d’habiter poétiquement le monde sur laquelle plane l’ombre de la tragédie.

Cela n’est évidemment pas sans rappeler, et c’est assumé, L’Écume des jours de Boris Vian, mais un Vian qui aurait croisé le mythe d’Orphée et la Divine Comédie de Dante.

Un très beau premier roman donc, très maîtrisé, pas du tout larmoyant malgré le sujet, qui revisite avec beaucoup de talent l’affrontement millénaire d’Eros et de Thanatos. Une plume à découvrir !

Danse d’atomes d’or (lien affilié)
Olivier LIRON
Alma, 2016

12 commentaires

  1. lireetcourir dit :

    J’ai flashé juste sur le titre … posé sur la chaise, il attend sagement son tour … après ce que tu en dis me voilà rassuré.

    J’aime

    1. C’est sûr que le titre est magnifique

      J’aime

  2. Hélène dit :

    Avec un tel titre comme tu le dis, on ne peut que se laisser séduire !

    J’aime

  3. Noukette dit :

    Il m’attend, il a tout pour me plaire !

    J’aime

  4. Mind The Gap dit :

    Et là c’est le drame…ça partait bien pourtant, mais la référence à Vian…

    J’aime

    1. Tu sais que pour beaucoup, Vian, c’est mythique !

      J’aime

      1. Mind The Gap dit :

        Oui mais pour moi c’est juste pas possible à lire…:D 😀

        J’aime

  5. Pr. Platypus dit :

    Comme tu l’as lu, je suis moins sensible à la poésie d’Olivier Liron… Dès le titre, en fait, que je trouve pour ma part un peu trop précieux ou maniéré. Ca aurait dû me servir d’avertissement !

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.