D’extase et d’amour féroce, de Dylan Landis

D'extase et d'amour féroce

D'extase et d'amour féroceRainey Royal, dans la salle de lecture de la New-York Public Library, examine de si près la photo du livre qu’elle peut sentir l’odeur du papier. Ses cheveux brillants s’étalent sur la page. Sainte Catherine, ce n’est pas seulement les tentations : c’est aussi la patronne des artistes, bon sang — exactement ce dont Rainey a besoin. Elles pourraient être soeurs, songe-t-elle, à cinq cents ans d’écart. Rainey est une artiste, et elle incarne la tentation.

Un premier roman, et une nouvelle plume à découvrir…

Rainer Royal a 14 ans dans le New-York du début des années 70. Elle vit dans une grande maison de Greenwitch Village avec son père, un grand musicien de jazz, Gordy, le meilleur ami de celui-ci, et toute une cohorte de gens qui vont et viennent. Sa mère, elle, fait une retraite dans un ashram. Autant dire que les conditions pour qu’une adolescente se construise sainement ne sont pas à proprement parler réunies.

Ce roman met très mal à l’aise, et pourrait constituer une sorte de pendant féminin à L’Attrape-coeurs : comme dans le roman de Salinger, ce dont il est question ici, c’est de devenir adulte, de grandir, et nous suivons Rainer aux différentes étapes de son adolescence, luttant entre un désir de pureté, celui de l’enfance, incarné par la figure mystique de Sainte Catherine, et la découverte du pouvoir sexuel qu’elle a sur les hommes. Artiste, elle crée des tapisseries à partir d’objets des disparus, et cette activité est très symbolique puisque c’est aussi son âme que Rainer cherche à recoudre et à réparer. Parce que finalement, si certains de ses actes sont répréhensibles, Rainer est avant tout une victime : il règne sur le roman un climat incestueux qui peut rappeler EvaC’est la même période, celle des années 70 où tout était permis, et où on pouvait faire de petites filles à peine pubères des objets sexuels. Et c’est la même souffrance.

Une quête initiatique saisissante, sur ce que c’est que devenir une femme…

D’extase et d’amour féroce
Dylan LANDIS
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Aronson
Plon, 2016

challenge12016br10% Rentrée Littéraire 2016 – 20/60
By Lea et Herisson

2 commentaires

  1. noukette dit :

    Troublant comme ambiance… Pas certaine d’adhérer…

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    1. C’est troublant, mais bien fait !

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