Tôt, les livres m’avaient pris tout le cœur et l’esprit, le corps même. En famille, une phrase souvent entendue semblait, pour les adultes, résumer et expliquer tout : « Il a parlé avant de savoir marcher ». Personne ne soupçonnerait jamais quelle terrible maladie s’était signalée dans ce fait. La concentration ultime de tout mon être vers cet unique objet qu’était la lecture me donnait, dans mes rapports avec autrui, une apparence de grande douceur, n’ayant aucune énergie à placer dans les conflits ou les discussions sans importance.
On le sait : je ne sais pas résister aux vies d’écrivains, réels ou fictives.
C’est une mauvaise journée qui commence pour Samuel Cramer : Dawn, sa compagne, le quitte au matin ; son éditeur lui annonce que le prix littéraire qu’il comptait obtenir ne sera pas pour lui, mais qu’il est tout de même obligé d’assister à la réception. Ses livres se vendent mal, celui qu’il est en train d’écrire s’enlise. Quant à la soirée elle-même, mieux vaut ne pas en parler.
Pas complètement loupé, ce roman n’est pas non plus une franche réussite. Bref, il déçoit. Agnès Michaux a une vraie plume, et une culture assez vaste qui lui permet de faire voyager son personnage dans la littérature avec aisance. Quelques passages proposent de fécondes réflexions sur la littérature ; mais trop peu. Ça ne décolle pas : le début est fouilli, certaines pistes sont lancées mais ne sont pas suivies, au risque de perdre le lecteur, et le personnage semble tout de même une caricature d’écrivain : il ne vit que pour les mots, s’avère un anti-héros désinvolte et un peu lâche même s’il se révèle aussi, à l’occasion, touchant. Un poète maudit, entre Rimbaud et Baudelaire auxquels il est constamment fait référence, perdu dans le monde d’aujourd’hui.
En fait, le roman manque d’une vraie ligne de force qui lui aurait donné un sens. Et une vraie chute. Là, ça part un peu dans tout les sens et on ne voit pas bien où l’auteure veut en venir, sinon raconter une journée dans la vie d’un écrivain, journée qui n’a rien de bien exceptionnel dans le déclin, la fin n’en est pas vraiment une. Pourtant, l’idée était intéressante.
Bref, largement dispensable !
Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer
Agnès MICHAUX
Belfond, 2016
Dommage! Belle journée!
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oui, dommage… bonne journée !
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