Soyez imprudents les enfants, de Véronique Ovaldé

Soyez imprudents les enfantsL’histoire d’Atanasia Bartolome pourrait donc avoir débuté, me disais-je, lors de la grande exposition de 1983 au musée d’Art et du Patrimoine de Bilbao. Je pourrais écrire que cette exposition avait marqué un tournant, mais ce ne serait pas assez fort puisque juste avant cette exposition tout était immobile et pétrifié, et pour marquer un tournant il eût déjà fallu être en marche.

Cela faisait trois ans que l’on attendait le nouveau roman de Véronique Ovaldé, qui au passage a changé d’écurie et publie désormais chez Flammarion, ce qui ne m’arrange pas d’ailleurs pour mon classement de bibliothèque, mais enfin bon, là n’est pas l’essentiel.

Atanasia Bartolome a 13 ans lorsqu’en visite avec sa classe au musée de Bilbao, elle tombe en arrêt devant un tableau de Roberto Diaz Uribe, Angela 61-XI, tableau qui va se mettre à l’obséder — tout comme le peintre, dont on n’a plus de nouvelles depuis de nombreuses années. Cette passion va orienter toute sa vie, et l’empêcher de sombrer dans cette torpeur mélancolique qui semble être la malédiction familiale.

Ouvrir un roman de Véronique Ovaldé, c’est retrouver un pays connu : une ambiance à la fois réaliste et magique, un monde où les femmes sont les personnages les plus importants, une interrogation sur la famille et la lignée. Ici, l’histoire commence au Pays-Basque post-franquiste, dans une famille à première vue normale mais qui en réalité dysfonctionne et dissimule quelques secrets ; quête de soi et d’identité, récit initiatique, le roman alterne la première et la deuxième personne pour mieux retranscrire cette recherche qui hante Atanasia malgré elle : l’histoire de sa famille, nécessaire pour comprendre et devenir qui elle est. Des ancêtres, notamment, obsédés par une réflexion sur la servitude volontaire et sur la liberté, plus difficile qu’on ne le croit. De loin en loin, la fondation d’utopies insulaires ou non — à moins que ce ne soient des dystopies ?

Avec ce très beau roman à l’écriture fluide et parfois poétique, Véronique Ovaldé nous invite à nouveau dans son univers si particulier, pas totalement réaliste (même s’il l’est ici plus que d’autres) mais pas vraiment merveilleux non plus : un monde entre-deux, où les personnages se cherchent, brisent leurs chaînes physiques et symboliques, et se révèlent à eux-mêmes. Une vraie réussite, encore une fois !

Soyez imprudents, les enfants
Véronique OVALDÉ
Flammarion, 2016

challenge12016br10% Rentrée Littéraire 2016 – 7/60
By Lea et Herisson

18 commentaires

  1. framboise dit :

    ahhhhh me languis ! Pas encore ouvert, il m’attend sagement o pied du lit :-p

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    1. Rhaaa, mais pourquoi le faire attendre ?

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      1. framboise dit :

        Ahhhh je sais, mais des urgences de lecture encore et encore ! La semaine prochaine je le dévore tout cru, en sachant déjà que je vais sacrément me régaler :-p

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  2. laeti dit :

    Ahahah… toi aussi tu classes tes livres par ordre alphabétique par éditions? ^^
    Bien envie de le lire en tous cas!

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    1. Oui, enfin j’essaie mais ce n’est pas facile !

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  3. Folavril dit :

    Il me le faut absolument !!! J’aime tellement la plume et l’univers d’Ovaldé…

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    1. Dans ce cas c’est une évidence !

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  4. « Ce que je sais de Véra Candida » m’avait tellement plu que je n’ai pas osé me plonger dans le reste. On est si souvent déçu par la suite, ce qui fut le cas avec l’après « Les oreilles de Buster »… Je vais peut-être oser…

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    1. C’est clair que Ce que je sais de Vera Candida est tellement beau…

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  5. noukette dit :

    Un régal oui, j’en parle bientôt 😉

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  6. j’ai encore un livre de cette auteure dans ma PAL, donc ce nouvel opus attendra…

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  7. Mind The Gap dit :

    Faut que j’essaye cette auteur…

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  8. je viens de lire ce roman en format audio…. j’ai hélas détesté….

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    1. Je pense qu’en audio je détesterait beaucoup de romans que j’ai aimés (mais le format ne me convient de toute façon pas)

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