Elle s’appellera Marie. Elle aura quarante et un ans. Sa peau sera blanche comme un linge propre. Ses cheveux noirs et détachés. A certains moments de la nuit, elle portera une fine couronne faite de feuilles d’été et de petites fleurs violettes et bleues. Sa robe sera toujours la même, ample, les manches longues, fabriquée dans un tissu de velours vert. On pensera qu’il s’agit d’une robe indienne (d’un type de robe portée par les femmes indiennes made in India). Elle sera pieds nus. Elle fumera. Elle n’apparaîtra pas. Elle sera déjà là. Au bord du lit où mes pieds reposent. Elle ne me quittera jamais des yeux. Elle ne se déplacera pas. Elle sera déjà où mon regard se pose.
C’était à la toute fin du mois de juillet, en 2003. L’été de la canicule. Marie Trintignant mourait sous les coups de son compagnon. Laissant dévastés ses parents, quatre orphelins et son mari, Samuel Benchetrit, le père de son plus jeune fils, qu’elle avait quitté mais dont elle était encore très proche. Cette mort, le choc, la colère, je m’en souviens comme si c’était hier.
13 ans après, Samuel Benchetrit publie ce récit, poignant, dans lequel il restaure le dialogue interrompu avec celle qui était sa femme. Elle lui apparaît, une nuit. Il lui parle, lui raconte ce que ça a été, lui redit son amour, envers et contre tout.
Un texte bouleversant, et qui fait un mal de chien : nombre de fois, j’ai dû interrompre ma lecture, les yeux noyés de larmes ; cela m’arrive, parfois, mais d’habitude, c’est de la fiction — là, c’est le réel. Cela pourrait paraître impudique, et le lecteur pourrait avoir peur d’être un voyeur : ce n’est pas le cas, parce qu’au delà, bien sûr, du témoignage personnel, celui d’un père qui se retrouve tout seul avec son petit garçon et doit lui apprendre à affronter le vide du monde, ce chant d’amour, de deuil, de colère aussi, tissé de mythes et de références littéraires, entre Orphée et Dante en passant par Vian, atteint quelque chose d’universel. L’amour et la mort qui s’affrontent.
C’est beau. C’est poignant. Bouleversant. C’est dur, très dur, et en même temps, le texte laisse passer une belle lumière. Celle de la vie, malgré tout.
La Nuit avec ma femme
Samuel BENCHETRIT
Plon/Julliard, 2016 (sortie le 25 août)
Touchée moi aussi par ce très beau texte.
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Comment ne pas l’être ?
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J’avais repéré ce livre mais je n’étais pas sûre qu’il allait me plaire… A voir…
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C’est particulier, mais waouw
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je fuis les livres qui me font pleurer généralement mais j’avoue que nom de l’auteur+ thème abordé+ ton beau billet …. ça donne envie!
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😉
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Beau billet qui donne envie de lire ce texte bouleversant.
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Bouleversant oui !
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Un bien beau billet et les avis sur ce livre semblent unanimes …
C’est noté.
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Bonne lecture !
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Je ne savais pas que ce roman parlait de ça. Je me souviens de cet été là, d’attendre avec impatience et peur les nouvelles. Grâce à toi, je le mets dans ma liste.
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C’est vraiment bouleversant !
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AU début, je le lisais sans savoir qui était cette femme, et puis très rapidement j’ai compris, et là, une nouvelle dimension … Bel hommage oui.
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Ah oui, moi je le savais dès le départ…
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Votre récit me donne vraiment envie de le lire, de plus que j’aime beaucoup les livres qui raconte la vrai vie des gens, c’est encore mieux que la fiction, merci encore pour ce beau partage 👍
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Bonne lecture !
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