Le Festin du lézard, de Florence Herrlemann

Le festin du lézardAttendre la levée du rideau, de l’épais rideau de velours, le coeur battant, les mains moites. Puis enfin, apparaître, seule, nue, et tellement vulnérable. C’est un moment crucial, Léo. Il faut être soi. Il faut être, être au sens large, être en pleine possession de ses moyens. Maîtriser à tout prix la situation. Je connais son dessein, je la vois, elle, debout, droite, le bras tendu le pouce baissé, moi lâchée dans l’arène, sans armes, c’est accepter la mort sans autre forme de procès, c’est renoncer sans avoir essayé. C’est se coucher à terre, la gueule dans la poussière, c’est s’offrir en sacrifice à celle de l’animal. Mais, voyez-vous, Léo, ce n’est pas de cet oeil-là que je vois cette entrevue. Je ne suis pas de celles qui se résignent. Non, Léo, je ne suis pas de celles qui se résignent.

Un premier roman, qui jouit d’excellentes critiques. De quoi attiser ma curiosité.

Isabelle a 26 ans. De la grande maison où elle vit enfermée, elle n’a poussé la grille qu’une fois, une nuit. Elle ne connaît pas « l’autre monde ». Elle s’adresse à Léo, qui ne répond jamais mais semble la suivre partout. Elle parle de son enfermement, d’une scène de théâtre et d’invités qui l’inquiètent. Elle parle de sa mère, surtout, figure monstrueuse et dévorante…

Long soliloque tissé de motifs obsessionnels et de mythes, ce roman étrangement poétique et onirique a la beauté du bizarre : très déconcertant, perturbant, dérangeant, il interroge nos peurs et suscite l’angoisse. Il ne se donne pas aisément. Il faut naviguer en se laissant porter par l’écriture, et non par le sens. Malheureusement, je suis un peu restée à quai, je n’ai pas réussi à réellement pénétrer dans ce texte qui en a pourtant subjugué beaucoup : j’ai été sensible à sa beauté formelle, j’ai trouvé des échos avec le sublime Né de l’homme et de la femme de Matheson, mais je n’ai pas aimé me perdre dans ses méandres sans trouver de sens…  même si l’absence de sens fait sens…

Le Festin du Lézard
Florence HERRLEMANN
Antigone14, 2016

L’avis de Carole, Denis

3 commentaires

  1. Mind The Gap dit :

    Peut être un peu trop insensé pour moi…

    J’aime

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