Rester vivant de Michel Houellebecq, au Palais de Tokyo

Nous habitons l’absence…

Il y a les artistes que j’aime. Il y a les artistes que je n’aime pas. Et puis, il y a Michel Houellebecq, dont je ne sais trop quoi penser, au fond. Je crois qu’il me perturbe un peu, au point d’ailleurs que l’autre nuit j’ai rêvé de lui (rien de sexuel hein : nous discutions littérature avec un autre écrivain (je ne suis pas sûre qui) (je crois bien que mon inconscient est toqué).

Le seul roman que j’ai lu de lui m’a laissée perplexe et je n’ai pour l’instant pas poursuivi plus loin mes investigations, j’ai beaucoup aimé ses entretiens avec Beigbeder, et j’ai lu de la première à la dernière page le numéro des Inrocks dont il était rédacteur en chef et qui m’a beaucoup intéressée.

Pour toutes ces raisons, j’ai eu envie d’aller voir cette exposition au Palais de Tokyo, exposition non sur Michel Houellebecq mais de Michel Houellebecq.

Une exposition qui brouille les cartes entre littérature et photographie, réel et fiction. Sur 1500 m2, le parcours invite le visiteur à plonger dans les obsessions de l’écrivain et dans son monde créateur. Composée de sons, de photographies, d’installations et de films conçus par lui et par d’autres artistes invités (Robert Combas, Raphaël Sohier, Renaud Marchand et Maurice Renoma), elle nous propose une nouvelle facette du personnage.

Et, je l’avoue, je suis toujours aussi perplexe.

Certaines œuvres sont réellement fascinantes, et montrent une véritable réflexion sur la forme et le sens : des tableaux-poèmes qui s’illuminent en série, une colonne transparente dans laquelle « flottent » un carnet, un stylo et un appareil photo, ou encore sa série de photographies de femmes.

D’autres travaux m’ont moins séduite, mais témoignent néanmoins d’une véritable intention : par exemple, en sortant de la première partie de l’exposition, très sombre et anxiogène, rendue encore plus inquiétante par le travail de la lumière et du son, qui donnent l’impression d’être dans un utérus, on débouche sur un espace à la lumière aveuglante, dont le sol est recouvert de sets de tables touristiques.

Enfin, certaines photographies m’ont paru dénuées d’intérêt artistique : certes, c’est très émouvant de voir les photographies de son chien Clément et la vitrine consacrée à tous ses jouets (un homme qui voue un tel amour à son chien ne peut pas être mauvais, au fond), tout comme il est sympathique d’un point de vue biographique de voir la photo de Marie-Pierre (son ex-femme) à la montagne.

Mais artistiquement parlant, tout le monde a les mêmes à la maison, et on a l’impression que ce qui est supposé donner une valeur artistique au cliché, c’est qu’il a été pris par Michel Houellebecq. Ce n’est pas ma conception des choses.

De fait, j’ai souvent eu l’impression, en parcourant l’exposition, qu’il me manquait des clés.

Une exposition que je juge donc assez inégale dans l’ensemble, mais c’est une curiosité : si vous passez dans le coin, n’hésitez-pas, histoire de vous faire votre propre idée.

Rester vivant
Michel HOUELLEBECQ
Palais de Tokyo
Jusqu’au 11 septembre 2011

8 commentaires

  1. Bernieshoot dit :

    C’est aussi un personnage qui me laisse perplexe, je l’ai croisé une fois dans la rue à Toulouse, c’était peut-être une opportunité de se faire une autre image, mais j’ai continué mon chemin.

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    1. Je ne suis pas sûre qu’il soit du genre à aimer être dérangé…

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  2. Gentleman W dit :

    Le bonhomme crado me dégoûte, car le snobisme du talent réel ou fictif, lz génie à tout faire avec la pamoison assurée des critiques parisiano-parisien, le côté ininteressé par le monde mais toujours en attente d’un prix et des ventes associées, je trouve son univers sans goût pour ne pas dire de mauvais goût.

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    1. C’est un avis partagé par certains…

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  3. Mind The Gap dit :

    Franchement tu me donnes envie, j’aimerais ce genre d’expo, j’en suis certain. Je n’ai encore jamais lu Houellebecq, ce type est une énigme, il me laisse perplexe également mais je le ferai, c’est certain, pour me faire ma propre idée.

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  4. Pr. Platypus dit :

    Je suis mitigé moi aussi. Je ne connais pas beaucoup mieux Houellebecq que toi (néanmoins je te conseille la Carte et le territoire pour un deuxième contact, c’est de ceux que j’ai lus mon préféré), et il me laisse souvent perplexe aussi.
    Néanmoins, tout ce qui est photo dans l’expo m’a semblé justement reproduire de manière très simpliste des thèmes qu’on trouve dans ses romans (l’esthétique des zones périphériques, de l’architecture urbaine la plus repoussante, une certaine célébration du « mauvais goût », etc). Pour moi, c’est vraiment un échec de ce point de vue-là, à moins que le but soit de montrer que la littérature est supérieure (qui sait).

    Je trouve en revanche que tout ce qui est proposé par des artistes invités (les toiles de Combas, les installations « chimiques ») était vraiment intéressant. Un bon point aussi pour l’ambiance, comme tu le notes, et le découpage (l’espace du Palais de Tokyo est quand même très compliqué, et là le plan est bien pensé).

    Je ne sais pas si tu as fait un tour du Palais de Tokyo au passage, mais il y a des choses vraiment géniales en dehors de Houellebecq ! Marguerite Humeau, Mika Rottenberg, David Ryan et Jérome Joy… J’ai un peu l’impression que Houellebecq sert de produit d’appel, et comme tous les produits d’appel il est plutôt moyen mais peut permettre de faire de belles découvertes !

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    1. Non, j’avais malheureusement pas le temps ce jour-là, j’y vais souvent mais là, j’étais pressée…

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