Le fantastique féminin, un art sauvage d’Anne Richter

Ainsi, comme un fil rouge, courent les mythes et les rêves, à travers le vaste domaine des conteuses fantastiques modernes. La Belle et la Bête, le Paradis perdu, le monstre de Frankenstein, l’homme-tigre, la femme-panthère, la fille de verre, l’oiseau qui es-tu ; images révélatrices d’un art des profondeurs, fasciné par les grandes images primitives que nous portons en nous. Art fondamental, car il dévoile l’aspect le plus archaïque mais aussi le plus persistant de la personnalité. Il est cette pensée au-delà de la pensée dont parle Jung, lorsqu’il affirme : « au-dessus de notre intellect, il existe une pensée qui revêt la forme des symboles plus vieux que l’homme historique. La vie n’est possible dans toute sa plénitude qu’en accord avec elle. »

Aujourd’hui, un petit essai de critique littéraire histoire de se dérouiller un peu les neurones. Ça leur fait du bien, parfois…

Le propos de cet essai, qui date à l’origine de 1984, est d’analyser les grands schèmes du génie créateur féminin, et constitue donc un voyage dans la littérature féminine sous l’angle du « fantastique » pris au sens large, par une série d’analyses d’œuvres d’écrivaines de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, en faisant un petit détour par la représentation de l’héroïne fantastique dans le regard des hommes.

Très intéressant, ce petit essai s’adresse à tous, car il parvient à rester très accessible voire presque pédagogique ; voyage dans l’histoire de la littérature, il nous présente, de manière simple, les aspects essentiels des romans et nouvelles aussi bien d’auteures extrêmement connues que d’autres plus confidentielles, s’attachant à mettre en évidence les invariants : le rêve et l’imagination, l’animalité, l’importance de la nature.

D’ailleurs, il me semble qu’il aurait peut-être été plus efficace de construire l’ensemble sur les thèmes et motifs plutôt que chronologiquement et auteure par auteure, mais c’est mon côté comparatiste qui veut ça, or Anne Richter n’étant pas comparatiste, nos méthodologies diffèrent.

En tout cas, c’est un essai qui suscite la réflexion, notamment par son aspect assez féministe, mais un féminisme qui prend en compte la spécificité du féminin, de sa nature et de son être-au-monde plutôt que de la gommer : finalement, pour les auteures, le fantastique permet de découvrir sa vérité essentielle.

Chemin faisant, et c’est le deuxième effet de cet ouvrage, on a des envies de lecture. Relire Woolf et Karen Blixen. Découvrir un autre texte de Sylvie Germain. Partir à la rencontre de Pierrette Fleutiaux !

Un essai à lire donc, l’esprit ouvert et prêt à faire de nouvelles découvertes.

Le Fantastique Féminin. Un art sauvage (lien affilié)
Anne RICHTER
L’Age d’Homme, 2011

6 commentaires

  1. Camilla dit :

    Je note ! 😉 Merci pour cette découverte 🙂

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  2. Arieste dit :

    Le sujet est très intéressant, j’aime les essais pointus qui savent rester accessibles, j’en prends donc note 🙂

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    1. ça devrait te plaire alors !

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  3. malauxtruches dit :

    Et jolie mise en abîme, par ailleurs 😉

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