Un homme heureux n’a pas de passé, un homme malheureux ne possède rien d’autre. Devenu vieux, Dorrigo Evans ne savait jamais s’il avait lu cette phrase ou l’avait fabriquée lui-même. Fabriquée, malaxée, concassée. Inlassablement. De même que la roche devient gravier puis poussière puis boue et redevient roche, ainsi va le monde, comme disait sa mère quand il réclamait des explications sur l’état des choses.
Une couverture douce, un titre poétique : ce roman, qui a obtenu le prestigieux Man Booker Prize en 2014, cache bien son jeu…
Dorrigo Evans, devenu vieux, doit écrire la préface d’un ouvrage commémorant la guerre et illustré des dessins d’un de ses camarades, mort sur place. Alors les souvenirs affluent : sa rencontre avec Ella, puis avec Amy juste avant son départ pour le front, un amour infini et interdit. Et puis l’horreur des camps de travail japonais…
Autant vous le dire tout de suite : je vais avoir autant de mal à parler de ce roman que j’en ai eu à le lire. J’ai même cru à un moment que je n’en viendrais pas à bout. Non que je n’aie pas aimé, c’est beaucoup plus compliqué.
Vaste réflexion sur la condition humaine et son absurdité, sur le travail de la mémoire et de l’oubli, imprégné de littérature épique et de haïkus, le roman se concentre sur un épisode assez méconnu de la Seconde Guerre mondiale : la construction d’une ligne de chemin de fer en pleine jungle, entre le Siam et la Birmanie, exigée par l’empereur du Japon et exécutée par les prisonniers de guerre australiens. En contrepoint, l’amour pur et absolu, celui de Dorrigo pour Amy. Eros et thanatos. Le problème, et ce qui a fait que cette lecture a été une souffrance absolue pour moi, c’est que les deux aspects ne s’équilibrent pas car tel n’est pas le but de l’auteur : l’essentiel du roman, c’est bien la description des camps, avec des scènes absolument insoutenables qui m’ont donné la nausée (au sens propre). La banalité du mal. L’injustice absolue de l’existence.
Un roman qui ne peut laisser de marbre, et dont je ne sais au final que penser, et qui m’a un peu traumatisée. C’est brillant, bien fait, mais sans doute pas pour tout le monde et sans doute pas à n’importe quel moment non plus…
La Route Étroite vers le nord lointain
Richard FLANAGAN
Traduit de l’anglais (Australie) par France Camus-Pichon
Actes Sud, 2016
Lu par Leiloona
Tu en parles très bien. C’est tout à fait cela. Mais de mon côté j’ai tranché. Je considère que c’est un très bon roman, même si comme tu le soulignes, certaines scènes sont très dures.
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Oui, voilà, mais je pense aussi que ce n’était pas forcément le bon moment pour moi !
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Le titre me donnait envie de le lire, ton texte me laisse, tout à coup, un peu plus sceptique… Quoique les réflexions sur la nature humaine, son absurdité, le devoir de mémoire et d’oubli sont des thèmes que j’aimerais définitivement approfondir en lecture…
Je crois que je vais me donner encore un peu de temps pour décider 😉 !
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C’est un très grand roman, mais il est effectivement très dur…
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Il m’attend donc je lirai ton avis plus tard.
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Bonne lecture !
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Ah oui, à ne pas lire n’importe quand effectivement … Je l’ai lu dans l’avion avec 24 mouflets et parfois je dois dire que c’était assez schizophrène ! 😀
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Tu m’étonnes !
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Pas envie d’être traumatisée et d’avoir du mal à arriver au bout, puisqu’en fait, depuis quelques temps, j’ai déjà du mal à arriver au bout de chacune de mes lectures : fatigue, manque d’intérêt, et problème occulaire ! Oui, la vie de quadra… En fait, j’attends avec impatience mon RDV ophtalmo du mois prochain qui me dira sans doute de porter des lunettes pour lire… ce qui me repermettra sans doute de lire plus de 10 pages à la fois !
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Ah oui, en effet…
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