Mes chers compatriotes, je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas.
Dirigé par Arnaud Viviant, Charles (comme Charles de Gaulle) est l’équivalent français du magazine américain George (comme George Washington), lancé au milieu des années 1990 par John John Kennedy (peut-on plus glamour ?), et considéré comme une sorte de Vanity Fair de la politique.
Totalement exempt de publicité, le magazine se présente d’abord comme un bel objet : une maquette recherchée, une mise en page soignée, du beau papier, des illustrations originales, pour beaucoup des dessins (ici, François Mitterrand par Isaac Bonan). Un magazine, donc, que l’on a plaisir à feuilleter, à conserver dans sa bibliothèque ou sur sa table basse : ça fait chic.
Mais le chic ne fait pas tout, et c’est bien le contenu, ici, qui fait tout l’intérêt de cette publication dont l’objectif est de parler de politique autrement. Autrement ? Loin de la politique politicienne, des querelles de partis et des prises de position à chaud, Charles entend faire bouger les lignes en offrant un autre regard, en multipliant les points de vue, en suscitant la réflexion. D’où l’idée de construire chaque numéro autour d’un dossier thématique : politique et télévision, dynasties, politique et justice, culture et politique, politique et sexualité… le dernier numéro est consacré au « roman Mitterrand ».
Quelques articles sont hors dossier : une réflexion (un peu trop dithyrambique) sur Emmanuel Macron, un entretien (passionnant) avec Ali Badou concernant l’exercice de l’interview politique, un autre entretien (tout aussi passionnant) assez philosophique avec Tristan Garcia, et un portrait de Sébastien Lecornu, très « House of Cards ». Mais l’enjeu essentiel est bien le personnage de François Mitterrand, sur lequel les points de vue sont démultipliés afin d’aboutir à un portrait complexe du personnage : chacun apporte sa petite pierre à l’édifice, pose un regard différent. Au cours de longs entretiens ou articles on découvre Mitterrand dans les yeux de Jean-Luc Mélanchon, Mazarine Pingeot, son fils Gilbert, Michel Charasse, ses biographes, Philippe Sollers ou encore Elizabeth Tessier. Le mystère de Baltique nous est enfin dévoilé. En complément, « le petit Mitterrand illustré », abécédaire de petites phrases, ou encore une analyse des différentes affiches de campagne.
Last but not least, la revue publie des nouvelles inédites, avec en ce moment une série de politique-fiction consacrée à la présidentielle de 2017. Dans ce numéro, C’est Jérémy Collado qui s’y colle, avec une nouvelle, « les Quatre Mercenaires », absolument excellente… et terrifiante !
Bref, un magazine comme on les aime : beau, riche, intelligent, qui pose un regard non partisan sur la politique et donne la parole à des personnalités vraiment diverses (notamment issues du monde de la culture) et ne manque pas de susciter la réflexion. A découvrir absolument, notamment pour ceux que la politique a tendance à fatiguer (genre moi). Le peut sembler élevé mais franchement, il les vaut : il y a beaucoup à lire et, rappelons-le, il n’y a pas de pub !
Charles
Trimestriel
Editions La Tengo
En kiosque et en librairie
16€
Je l’avais croisé en librairie, feuilleté, et il me faisait très envie mais le prix m’avait poussée à le reposer. Tu me donnes envie de laisser sa chance à cette revue, du coup, quitte à y mettre le prix. 🙂
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Franchement, il les vaut !
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