Paris est une fête, d’Ernest Hemingway

Il n’y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu’en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d’une personne à l’autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ni comment il avait changé, ni avec quelles difficultés — ou quelle facilité — nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours le déplacement, et on recevait toujours quelque chose en retour de ce qu’on lui donnait.

Evidemment. Ce texte était sur ma liste d’envies depuis ma lecture de Madame Hemingwaysans que j’aille plus loin, à cause d’un vilain a priori négatif concernant son auteur.

Mais malheureusement, les récents événements l’ont rendu tout à fait indispensable.

Ni roman ni autobiographie, Paris est une fête est une collection de vignettes parisiennes (dont certaines inédites dans cette édition), de petits moments d’Hemingway alors qu’il vivait à Paris avec sa première femme, Hadley, une vie de bohème : pauvres mais heureux d’une vie remplie de livres, de rencontres, de cafés, de balades, d’amour et d’écriture.

Tout le Paris de l’époque se déploie sous nos yeux et c’est finalement à une promenade dans le temps que nous invite Hemingway, le présent que nous connaissons se superposant à l’époque révolue des années 20 : le salon de Gertrude Stein (peu sympathique au demeurant), Shakespeare et Company du temps de Sylvia Beach (adorable), les quais et leurs bouquinistes, les courses hippiques, la géopolitique des cafés.

Très rive gauche, d’ailleurs, les lieux qu’il fréquente, car à cette époque la Seine constituait une véritable frontière entre deux mondes, alors il erre dans le jardin du Luxembourg, place Saint-Sulpice, place de la Contrescarpe et rue Mouffetard, place saint-Michel.

Il écrit dans les cafés, chez Lipp, à la Closerie, au Dôme, aux Deux Magots, mais pas encore au bar du Ritz auquel il a pourtant donné son nom : ce sera pour après.

La vie est riche de rencontres : Gertrude Stein et Sylvia Beach, mais aussi Ezra Pound, brièvement James Joyce, et bien sûr Scott et Zelda Fitzgerald (qui ne sont pas épargnés, notamment cette dernière).

Pour Hemingway, Paris est la meilleure ville pour écrire, son énergie l’inspire. Au fil des pages, nombreuses sont aussi les réflexions sur l’écriture d’un Hemingway intransigeant et sûr de son destin : Écrire était ce pour quoi j’étais né, ce que j’avais fait et ferai encore. Ils pouvaient dire ce que bon leur semblait sur les romans ou les nouvelles, ou sur leur auteur, peu m’importait.

Agréable promenade que celle-là, en compagnie d’un Hemingway moins imbuvable que je le craignais même s’il est parfaitement injuste envers Zelda. Un magnifique hommage à la ville Lumière en tout cas, notre Paris, celui de la vie, de la fête et de l’art !

Paris est une fête (lien affilié)
Ernest HEMINGWAY
Traduit de l’américain par Marc Saporta et Claude Demanuelli
Gallimard, 1964 et 2011 (Folio, 2012)

23 commentaires

  1. Violette dit :

    je ne l’ai pas lu, bien sûr que j’en ai envie mais ça me fait quand même doucement marrer de voir que les ventes de ce bouquin ont explosé tout récemment… Faut-il ça pour lire ça!?

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    1. Non, mais c’est l’occasion…

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  2. titine75 dit :

    J’avais pris beaucoup de plaisir à lire ces chroniques du Paris des années 20. J’aurais adoré y être à cette époque et d’évoluer dans ce bouillonnement artistique !

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    1. Oh que oui ! Tu as vu le documentaire lundi soir sur France 3 ?

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  3. Ah….. Hemingway et Zelda…
    J’avais également des a priori sur lui mais tu m’as donné envie de peut-être le découvrir.

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    1. Au-delà du fait que je pense toujours que ce mec était quand même un sale connard, c’est une lecture plaisante !

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      1. Tout à fait, mais les connards écrivent aussi des beaux livres, et de la belle musique (Wagner!). En fait, je pense qu’Hemingway était vraiment vulnérable derrière son masque macho, comme le montre son suicide.

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  4. lorouge dit :

    Il parait qu’il est en tête des ventes en ce moment ;0) Hemingway je n’ai encore jamais tenté, mais des chroniques sur Paris, oui je pourrais commencer par ça. J’ai aussi Madame Hemingway sur ma PAL, tu me le rappelle ;0)

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    1. Madame Hemingway est un très beau roman !

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  5. Mind The Gap dit :

    J’ai adoré Madame Hemingway et c’est grâce à ce livre que j’ai lu Paris est une Fête (et aussi grâce à beigbeder). j’en garde un bon souvenir pour la vie d’Ernest et des personnages célèbres autour, mais après, je ne comprends pas comment on peut dire que c’était un génie de l’écriture…c’est raconté comme un journal et il n’y a aucun style…bref…les classiques et moi…et pourtant lui n’était pas français !

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    1. Le style n’est pas à tomber à la renverse, de fait !

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  6. Antiblues dit :

    Comme tu le dis, c’était l’occasion de le lire et d’en apprendre plus sur « Hem », ce que j’ai fait.
    De cette chronique kaléidoscope, je ne dirais pas que c’était mieux avant, mais quand même, quand il évoque le chevrier dans les rues de Montmartre, ça laisse rêveur…

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    1. Oui, une époque révolue, c’est sûr…

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  7. Pareil que toi, les neiges du kilimandjaro m’ayant laissée de glace, je ne suis plus revenue vers cet auteur depuis une éternité. Donc à voir, pourquoi pas ?!

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    1. C’est pas désagréable comme lecture, plus dans les thèmes qui me parlent que ses autres textes !

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  8. J’avais aussi un à priori négatif par rapport à cet auteur, jusqu’à ce que je devienne une amatrice fanatique de ses nouvelles, tellement plus incisives, et aussi fragiles, que ses romans. Je vais me régaler maintenant avec Paris est une fête!!

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