Les Indociles, de Murielle Magellan

Elle est une chasseuse. Elle aime conquérir, faire l’amour, aux hommes et aux femmes, ne pas s’attacher, ou plutôt s’attacher le temps que ça dure. Et elle est d’une lucidité intransigeante avec la lassitude en amour, c’est pourquoi elle peut quitter aussi vite qu’elle a conquis. Un homme très épris, intellectuel émérite, lui a dit un jour qu’elle était une Don Juane et il avait même ajouté qu’il fallait qu’elle se méfie de la statue du Commandeur. Elle ne sait pas. Mais si c’est le vocable le plus près de ce qu’elle est, soit.

Le précédent roman de Murielle MagellanN’oublie pas les oiseauxm’avait totalement conquise et bouleversée, et j’étais donc particulièrement enthousiaste à l’idée de me plonger dans ce nouveau roman, enthousiasme décuplé par le résumé, qui m’a fait dire que ce roman avait été écrit pour moi.

Olympe, à 37 ans, est une des galeristes les plus en vue de Paris. C’est aussi un Don Juan en jupon, chasseuse, collectionneuse et croqueuse d’hommes aussi bien que de femmes, une séductrice à laquelle nul ne peut résister. Mais un vieux peintre dont la peinture l’émeut et un client dont elle n’a pas envie de faire une proie peuvent-ils la dérouter d’elle-même ?

Immédiatement charnel et d’une sensualité bouleversante, ce roman est une magnifique exploration de la séduction au féminin et de la pulsion de vie, qu’elle soit celle du désir et de l’éros ou celle de la création artistique.

Les deux se mêlent étrangement sous la plume de Murielle Magellan qui encore une fois montre qu’elle sait dire de manière sublime les émotions qui traversent les êtres, et nous dresse un fascinant portrait de femme, une femme libre, sans entraves — une indocile qui ne se plie pas à l’impératif amoureux.

Il y a en Olympe (rien que ce prénom est tout un programme, révolutionnaire et divin) quelque chose de Madame de Merteuil, le cynisme et la cruauté en moins et l’innocence en plus. Olympe ne manipule pas : elle est toujours sincère, et si elle fait du mal, c’est à son corps défendant. On ne trouve pas non plus, chez elle, trace d’idéologie : si elle vit sa vie comme elle le fait, c’est que c’est sa manière d’être.

Bouleversant par moments, cruel aussi, mais surtout lumineux, ce roman est une vraie réussite !

Les Indociles
Muriel MAGELLAN
Julliard, 2016

10 commentaires

  1. noukette dit :

    Je suis moi aussi conquise d’avance ! Une de mes prochaines lectures !

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  2. Violette dit :

    ahhh tu as aimé aussi 🙂 !

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  3. Noann dit :

    Je ne trouve pas que ce roman soit une réussite. Le personnage principal est vraiment trop en excès, du coup il manque d’intérêt et sa psychologie est assez limitée. Beaucoup de répétitions et de tournage autour du pot. Intrigue limitée, des personnages secondaires qui sont étouffés par le principal. Bref, je n’ai pas aimé

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    1. Je me suis beaucoup retrouvée dans le personnage principal… Serais-je une caricature ?

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      1. Noann Lyne dit :

        C’est peut-être ce qui fait que ce roman plaît ou pas : la faculté du lecteur à se reconnaître dans le personnage principal. Ce qui a fait que ma critique était mitigée. En fait, Olympe tient le rôle principal , les autres étant des figurants. Elle porte le roman sur ses épaules. Les avis des lecteurs sont forcément divers. Soit on aime ce parangon de femme moderne, soit on ne l’aime pas. En ce qui me concerne, je ne dis pas que je ne l’aime pas, je me place en tant que critique et non lecteur, je m’efforce d’en dégager les points positifs et négatifs. J’ai toujours pensé que le côté univoque d’une œuvre était une faiblesse. Il devrait toujours y avoir des aléas, des soubresauts, des remises en question. Comme dans la vie. En cela, ce personnage ne me semble pas réaliste. Mais certes, il est emblématique.

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        1. Justement, je la trouve assez complexe et pas si monolithique que ça…

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