Écrire la faim. Franz Kafka, Primo Levi, Paul Auster de Séverine Danflous

écrire la faimQu’est-ce qu’écrire la faim ? Quels sont les liens intrinsèques entre la nourriture, ou plus exactement son absence, et la littérature ? A priori, la littérature n’est pas du même ordre que la nourriture. Si ce n’est qu’elles répondent toutes deux à un besoin fondamental de l’homme, l’une à un besoin physiologique et l’autre à un besoin spirituel. La métaphore culinaire est éculée pour parler de la littérature et de ces livres que l’on dévore, ces mots que l’on mâche… La métaphore introduit la possibilité d’ériger le lecteur et l’auteur en ogres dévoreurs de mots et de textes. Aussi, cette problématique d’une faim qui doit s’écrire permet de s’interroger sur la notion de limite. Quelles sont les limites entre le corps et le texte ? Comment la faim participe-t-elle à réduire les limites entre la vie et la mort ?

Vous me connaissez : dès qu’on me dit « Paul Auster », je fonce. Donc, forcément, j’étais très intriguée par cet essai qui aborde le motif de la faim dans l’oeuvre d’Auster donc, mais aussi dans celle de Franz Kafka et de Primo Levi.

Ecrire la faim est donc un essai, issu d’un mémoire de master de littérature comparée soutenu à la Sorbonne sous la direction de Jean-Yves Masson, qui en a écrit la préface. Partant du constat que le motif de la faim et du jeûne est omniprésent chez les trois auteurs et qu’il tisse des liens entre leurs œuvres, Séverine Danflous s’interroge sur la signification de ce motif, notamment dans ses implications esthétiques et poétiques, et ses rapports avec la littérature et l’écriture.

Très finement analysé et rédigé de manière claire et agréable à lire, ce petit essai est véritablement passionnant, car il nous conduit à nous interroger de manière nouvelle sur les oeuvres de Kafka, Levi et Auster. Un pas de côté en somme, qui met en évidence les liens entre la faim, le corps, la chair, mais aussi l’érotisme et la sexualité, et l’écriture, vue parfois comme une sorte d’ascétisme, chez Kafka notamment, qui le conduit justement à refuser la sexualité. Finalement, encore une fois, ce qui se joue ici, c’est le couple éros/thanatos au coeur de toute expérience de création. Evidemment, c’est parfois un peu complexe, car les analyses sont poussées et s’appuient sur (se nourrissent de ?) une multitude de références, mais on ne se perd jamais !

A lire pour réveiller un peu les neurones, surtout si vous vous intéressez à Kafka, Levi et Auster, histoire de voir leur oeuvre sous un jour nouveau !

Écrire la faim. Franz Kafka, Primo Levi, Paul Auster
Séverine DANFLOUS
L’Harmattan, 2014

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