La mort est une femme comme les autres, de Marie Pavlenko

Eh bien, des rumeurs circulent. Figure-toi que Mémé n’est pas la seule. Il paraît que les gens ne meurent pas, ne meurent plus ! J’ai lu des théories dingues : l’homme serait parvenu à un stade ultime de développement et aurait atteint l’immortalité. Tu te rends compte ? On ne va peut-être plus mourir !

Parler de ce roman (que j’ai beaucoup aimé par ailleurs) a un arrière-goût amer : je l’ai terminé le 13 novembre en début d’après-midi, et vu le sujet, il résonne un peu bizarrement. De fait, j’ai l’impression que tout résonne un peu bizarrement en ce moment, mais ce texte plus encore que d’autres…

La Grande Faucheuse, Emm de son prénom, fait un burn-out, et refuse obstinément de se lever du canapé sur lequel elle s’est installée et de reprendre le travail, malgré les admonestations de sa faux. Evidemment, cette défection n’est pas sans poser de nombreux problèmes, d’abord dans l’unité de soins palliatifs de l’hôpital, où les patients sont privés de l’abrègement de leurs souffrances. Et puis c’est le monde entier qui sombre peu à peu dans le chaos…

L’entreprise est périlleuse : traiter sur le mode burlesque un sujet grave, la maladie, la fin de vie, la souffrance. Et pourtant, Marie Pavlenko réussit haut la main son pari.

Nous avons là une fable, très amusante (certaines scènes sont vraiment hilarante) mais qui interroge aussi notre rapport à la mort, qui en a marre que les hommes se plaignent tout le temps et la haïssent, ne comprenant (et n’acceptant) plus son rôle dans la bonne marche du monde : sa grève les met donc face aux faits.

Si la mort est scandaleuse parfois (souvent), elle est aussi, dans certains cas une amie, lorsque la souffrance devient intolérable, comme pour les malades en phase terminale où les blessés très lourd.

Ici, le fantasme de l’immortalité devient le symbole de la vanité. Mais, corollairement, si les hommes découvrent la nécessité de la Mort, Emm de son côté découvre les hommes, s’attache à certains d’entre eux, et comprend pourquoi ils sont si attachés à la vie

Un roman un peu loufoque, qui a le mérite de totalement évacuer toute dimension religieuse (il n’est jamais question de ce qu’il y a après) et qui finalement fait beaucoup de bien…

La Mort est une femme comme les autres (lien affilié)
Marie PAVLENKO
Pygmalion, 2015

8 commentaires

  1. Mind The Gap dit :

    Ben tiens, il me tente celui là, je ne connaissais pas du tout, je le note dans ma wish list. Le sujet est vraiment bien trouvé, si en plus c’est un peu loufoque et corrosif, ça devrait me plaire !

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  2. MlleJuin dit :

    Je l’ai dans mon viseur celui-ci 🙂

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  3. noukette dit :

    Original et diablement tentant !

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  4. Stephie dit :

    Je suis en train de le lire et j’ai vraiment beaucoup de mal avec le style…

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    1. C’est assez « oral », mais ça ne m’a pas dérangée…

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