Sillonner dix Etats, franchir des fleuves en barge ou bateau, cheminer par tous les temps, essuyer des tempêtes, connaître la solitude, la peur, l’angoisse, des moments de joie fulgurante. Faire mille rencontres, brèves, éphémères ou durables. Éprouver l’abnégation, la résignation, l’endurance, l’effort, les doutes, l’éloignement ; mais encore la confiance, la foi, l’espoir. Coucher partout, n’importe où, nulle part : dans des petites chambres d’hôtel de passe ou de route ; sur les parvis de pavés ou de terre battue des stations-service, à quelques mètres de poids lourds aux moteurs encore brûlants ; sur le plancher en bois de quelque échoppe exiguë ; dans des baraquements vides qu’il faut dépoussiérer patiemment avant d’en faire son refuge. Et puis, au fil de la marche, apprendre à marcher. C’est-à-dire retrouver la simplicité de ce mouvement premier sans lequel l’humanité ne se serait jamais déployée, mouvement aussi consubstantiel à l’homme que sa propre respiration.
Depuis que j’ai fini ma thèse, je ne lis plus guère de récits de voyage : je pense qu’en six ans de recherches j’en ai lu à peu près pour toute une vie. Mais ma curiosité est souvent plus forte que tout, et c’est comme ça que je me suis retrouvée à lire ce récit de traversée du Brésil, d’autant qu’il s’agit d’un pays qui m’intéresse assez.
L’auteur, Franck Degoul, est docteur en anthropologie. Il raconte dans ce livre sa traversée à pied du Brésil, 5000km entre Chuí au sud et Oiapoque au Nord, trajet qui lui prend 8 mois en suivant la BR et qui lui permet d’expérimenter le monde d’une manière nouvelle : expérience de la liberté et de l’absence de projet précis sinon celui de se trouver soi.
La grande réussite de ce récit est de parvenir à pleinement nous faire sentir les émotions du voyageur au fil de son cheminement : si, comme tout récit de voyage, celui-ci n’est pas exempt, au départ, de déceptions nées de l’écart entre ce que l’auteur avait rêvé et la réalité moins poétique, très vite la rencontre se fait avec ce pays métissé, où les cultures et les influences se croisent, où la pauvreté la plus grande côtoie l’opulence ; les gens le reçoivent avec curiosité et générosité, très peu d’hostilité, et malgré les dangers de la route l’auteur ne fait finalement pas de mauvaises rencontres : au contraire, il fait connaissances avec de magnifiques personnes, qui lui donnent un peu d’elles-mêmes et de leur histoire en plus de la nourriture et d’un coin pour planter sa tente dont il a besoin. A cette diversité des gens répond la diversité des paysages, faisant réellement du Brésil une « terre de contrastes » et donnant l’impression de traverser plusieurs pays différents.
Aventure humaine, le voyage est aussi une expérience de la lenteur, de l’immersion, du dépouillement et du lâcher-prise : se laisser porter par l’occasion et les aléas de la route !
Accompagné d’une carte et d’un très beau cahier de photos, ce récit très humain ravira les amateurs de voyage et d’aventures hors du commun, où l’humain tient une place essentielle !
Brasil. La Grande Traversée
Franck DEGOUL
Transboréal, 2015
Je suis tombée sur le stand Transboréal aux Rendez-Vous de l’Histoire : que de périples dont certains donnent très envie !
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Oui, j’ai regardé la liste des titres et il y a des choses très tentantes !
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Je l’ai lu, alors que je ne connais pas le Brésil, mais y’a pas, Transboreal c’est ma dope!
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Je ne connais du Brésil que mes cours de géographie au lycée, ce qui est un peu mince 😉
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Rien que la couverture donne envie de le lire, elle est magnifique !
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Oui, une invitation au voyage !
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Je suis d’accord avec petit pingouin vert, la couverture est une invitation au voyage. Ca donne très envie de partir découvrir l’e Brésil. Ce pays sera à l’honneur tout l’été avec les JO en 2016.
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Oui, c’est vrai !
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Forcément, ce livre a tout pour me tenter, car tout comme toi mais pas pour la même raison, je ne lis plus assez de récit de voyage à mon goût !
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😉
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