Le Journal d’un caméléon, de Didier Goupil

Le journal d'un caméléonLe seul problème qu’il rencontrait, c’est qu’écrire lui donnait aussitôt envie de fumer. Une irrépressible envie de fumer. Dès que l’encre se mettait à couler, il ressentait dans tout son être un urgent besoin de nicotine. Il lui arrivait de penser que si le monde avait été bien fait, l’un de ses doigts aurait fini par se transformer en une cigarette sur laquelle il aurait pu tirer à volonté. Mais le monde n’est pas bienfait, nul ne l’ignore, et s’il voulait allumer une petite sèche, il lui fallait retourner au fumoir. (ce roman étant sélectionné pour le très original « prix de la page 111, c’est celle-là que je cite).

Encore un roman qui a un artiste pour personnage principal. Mais cette fois, il ne s’agit pas d’un écrivain (encore qu’il écrive beaucoup), mais d’un peintre.

Suite à une rupture amoureuse, Cosme Estève, peintre, a tenter de se suicider. Depuis, il est en hôpital psychiatrique et passe ses journées à errer de sa chambre au fumoir, muni d’une boussole pour se repérer dans ce labyrinthe qu’est l’établissement. Mais aussi sa mémoire, et son esprit…

Alternant le présent de l’hôpital et le passé de Cosme, ce joli roman métaphorique et symbolique nous offre de magnifiques pages sur l’art, sur l’artiste, et sur sa fragilité face au réel qui le mène à la mélancolie voire à la folie, dépression, bipolarité. Cosme est un artiste, et se place sous le patronage d’inadaptés au monde comme Van Gogh, son être se fragmente, il est caméléon, aux multiples identités, comme Pessoa. Avec le motif du labyrinthe, on pense aussi, évidemment, à Borges : nourri de références, de motifs allégoriques, le roman démultiplie les interprétations, poussant le lecteur à s’interroger lui-même sur son identité. Dans ce texte troublant, les femmes sont à la fois fatales et Ariane guidant l’homme dans le labyrinthe, figures de l’amour et du destin d’un héros particulièrement attachant.

Un roman étrange mais réjouissant sur la vie d’artiste, à ne pas manquer !

Le Journal d’un caméléon
Didier GOUPIL
Le Serpent à plumes, 2015

RL201526/30
By Hérisson

7 commentaires

  1. didiergoupil dit :

    Merci Caroline pour cette chronique !
    Quelques pages à lire sur le site : http://didiergoupil.com/lecture-augmentee/
    Bonne lecture !

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  2. Asphodèle dit :

    S’il n’y avait qu’écrire qui donne envie de fumer ! Intéressante cette chronique comme a l’air d’être ce petit livre ! 😉

    Aimé par 2 personnes

  3. Géraldine dit :

    Bien tentée aussi, surtout que j’ai la même problématique que le narrateur dans l’extrait ! LOL !

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