Et tu n’as pas fini de les faire rire, parce qu’ils étaient aux premières loges pour profiter de ma toute première infidélité à ton égard. Tu dois porter quelques noms de cocus. Mais tu ne leur en voudras pas, c’est maintenant complètement légitime.
Je voulais lire ce texte depuis sa sortie, d’autant que je l’avais promis à son auteur. Mais, faute de temps, je n’ai pas eu le temps avant, et je l’ai donc emporté avec moi à Bruxelles. La soirée a été chaude, c’est moi qui vous le dit, malgré la pluie qui tombait violemment contre la vitre…
En rentrant plus tôt que prévu de ses vacances, la narratrice, Ava, a trouvé son compagnon la tête enfouie entre les cuisses d’une autre femme, ce qu’elle n’a évidemment guère apprécié. Après avoir disparu pendant quelques jours, elle lui écrit pour lui raconter tout ce qu’elle a fait… et pour lui qui est jaloux, ce récit pourrait bien constituer la pire des punitions.
Il y a un proverbe qui dit qu’il vaut mieux marcher sur la queue d’un serpent que d’humilier une femme, et cette novella le prouve avec maestria : extrêmement bien construite, elle progresse lentement mais sûrement, commence par de petits faits jusqu’à aboutir au plus cruel. C’est très érotique, mais aussi diablement pervers, pour notre plus grand plaisir, car le narrataire est toujours présent, et on ne peut s’empêcher de l’imaginer souffrir et s’étrangler de rage — ce qui est somme toute assez plaisant voire cathartique. Après s’être oubliée dans une relation où le plaisir de l’autre comptait plus que le sien, Ava se libère et met en scène sa libération, à travers un processus que l’on pourrait presque qualifier de dramaturgique, qui se sert de la pulsion scopique pour faire mal.
Parfaitement maîtrisé, ce texte est donc une très agréable lecture, parfaite pour l’été et la chaleur !
Les Provocations d’Ava
Ava CASTEL
Collection Paulette, 2015