Birdman, d’Alejandro Gonzalez Iñarritu

A thing is a thing, not what is said of this thing.

J’avais lu tellement d’avis dithyrambiques sur ce film que j’avoue, j’avais un peu peur de le voir et d’être déçue, comme cela arrive parfois avec les œuvres encensées par la critique. Mais je me suis décidée l’autre soir, je ne sais trop pour quelle raison d’ailleurs, une inspiration subite, ou l’impression peut-être que c’était le bon moment.

Riggan Thomson s’apprête à monter sur scène à Broadway, dans une pièce adaptée d’une nouvelle de Raymond Carver, What we talk about when we talk about love, qu’il met lui-même en scène. Pour lui, c’est un défi : quelques années auparavant, il a connu la célébrité en jouant le rôle d’un superhéros, Birdman, dans trois films. La célébrité, mais non la légitimité d’acteur, ce qu’il cherche aujourd’hui. Mais le personnage le hante toujours, et son projet pourrait être le dernier…

Voilà pour le moins un film étrange, dans lequel on ne sait jamais bien où se situe le rêve et la réalité : poétique et onirique, il nous offre des scènes d’une grande beauté, et très symboliques, avec le personnage qui s’envole et flotte au-dessus de New-York avec légèreté, ce qui a d’ailleurs inspiré mon inconscient puisque la nuit suivante, j’ai moi-même rêvé que je détachais les chaînes que j’avais aux pieds avant de m’envoler.

Mais c’est, surtout, une mise en abyme de la condition d’acteur, le lien entre le jeu et la vie, le rôle qui déteint sur l’individu jusqu’à ce qu’il ne puisse plus faire la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. La célébrité, et la légitimité. Le cinéma et le théâtre. Et la superpuissance des critiques, qui peuvent, pour des raisons parfois mauvaises, détruire des années de travail.

Il y aurait en fait des dizaines de choses à dire sur ce film, mais cela a déjà été fait un peu partout. Alors, en conclusion, oui, c’est un très beau film, très intéressant, à voir. Un chef-d’œuvre… je suis moins convaincue, d’autant qu’évidemment de Birdman à Batman le pas est facile à faire, mais agaçant : dans le film, la série des Birdman est présentée comme une merde absolue faite pour le fric ; or Keaton a joué dans les Batman de Tim Burton, qui sont, tout de même, d’excellents films, et le parallèle me fait un peu tiquer.

Birdman or the Unexpected Virtue of Ignorance
Alejandro GONZÁLEZ IÑARRITU
2014

 

10 commentaires

  1. Catherine dit :

    Je ne le classerai pas en chef d’oeuvre non plus. Tres etrange c’est le moins qu’on puisse dire. Meme si certains passages sont amusants j’en suis ressortie avec une impression de tristesse car il n’est pas facile ce monde dans lequel on evolue.

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    1. Oui, et en même temps le rêve permet de s’échapper

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  2. Marion dit :

    Qu’est-ce que j’ai aimé ce film ! Pourtant j’y suis allée avec beaucoup d’a priori !

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  3. Sowenne dit :

    Très bon film, plutôt surprenant ! Je ne m’attendais pas à voir ça après avoir vu sa bande-annonce. Mais la manière de filmer était aussi originale que le scénario, j’ai beaucoup apprécié 🙂

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    1. Oui, c’est surprenant, c’est certain

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  4. Marion dit :

    Comme toi, je ne pense clairement pas que ça soit un chef d’oeuvre. Mais le film explore des pistes très intéressante. Et cette idée du plan séquence unique, c’est brillant 🙂

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    1. Oui c’est clair qu’il y a des choses intéressantes

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  5. folavrilivres dit :

    J’ai tellement aimé ce film !!

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