Chroniqueur-nocturne, concepteur-rédacteur, journaliste-littéraire : Marc n’exerce que des métiers aux noms composés. Il ne peut rien faire entièrement. Il refuse de choisir une vie plutôt qu’une autre. De nos jours, selon lui, « tout le monde est fou, on n’a plus le choix qu’entre la schizophrénie et la paranoïa : soit on est plusieurs à la fois, soit on est seul contre tous ». Or, comme tous les caméléons (Fregoli, Zelig, Thierry Le Luron), s’il y a une chose qu’il déteste, c’est bien la solitude. Voilà pourquoi il y a plusieurs Marcs Marronniers.
Je fais partie des gens qui aiment énormément Frédéric Beigbeder. Je le trouve d’une grande profondeur derrière sa frivolité cynique, et la vision du monde qui transparaît dans ses romans est, à de nombreux égards, la mienne. Mais je n’ai pas encore tout lu, et par chance je suis tombée l’autre jour, chez le meilleur bouquiniste du monde, sur deux de ses romans, dont celui-ci, qui est son deuxième.
Vacances dans le coma raconte une nuit dans la vie mondaine de Marc Marronnier, l’alter-ego de l’auteur. A 19h, il reçoit un carton d’invitation pour l’inauguration d’une nouvelle boîte de nuit, « les chiottes » (d’où ma photo…). Une soirée qui s’annonce mouvementée…
Tout est là : cynique, désabusé, mélancolique et cruel, le roman ne manque pourtant pas d’une grande lucidité sur ce qu’est ce monde la la fête permanente, où l’on s’étourdit d’alcool, de drogue et de nouveauté pour ne pas penser à l’essentiel : l’absurdité de la condition humaine. En cela, le roman est très camusien (il y a d’ailleurs une référence claire au mythe de Sisyphe). Mais il m’a surtout fait penser à l’univers de Vian avec ce motif de la fête et de l’hédonisme qui est sapé de l’intérieur par l’omniprésence de la mort : le Titanic est en train de couler, nous sommes tous foutus, alors dansons en attendant l’issue tragique. Du coup, toute la fantaisie est désespérée, et Beigbeder s’attache à brouiller la référentialité, ne serait-ce que dans la liste des invités où se côtoient personnes réelles et êtres de fiction créés par lui ou par d’autres (Patrick Bateman ou Jean-Baptiste Grenouille).
Et pourtant, tout n’est pas si noir, car l’amour sauve tout. Car, malgré son cynisme, ce qui est admirable chez Beigbeder, c’est sa foi inébranlable dans l’amour et son pouvoir rédempteur…
Un roman que j’ai énormément aimé, mais à réserver à ceux qui aiment l’auteur : ceux qu’il horripile seront probablement horripilés…
Vacances dans le coma
Frédéric BEIGBEDER
Grasset, 1994 (Livre de poche, 1996)
J’ai eu ma période Beigbeder… Il faudrait que je lise quelques titres que j’ai sur ma PAL et qui prennent un peu trop la poussière.
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Oui, de temps en temps c’est sympa !
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Ce genre d’histoire me plaît beaucoup et l’auteur aussi :).
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Alors tu devrais aimer !
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J’aime beaucoup Beigbeder, j’ai lu pas mal de ses livres, mais comment dire…ce roman là est nase de chez nase…rien à sauver pour moi ou presque !
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Ce n’est pas mon préféré mais je ne le trouve pas nase, certaines réflexions sont intéressantes… mais je trouve qu’il se bonifie avec le temps et que ses derniers sont meilleurs !
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Beigbeder m’agace profondément d’où un blocage pour ses livres.
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Je le trouve attendrissant !
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Moi je suis toujours mitigée concernant l’auteur. Certains de ses romans sont des bijoux, et d’autres m’horripilent profondément…
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Arfff…
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