Vivre Penser Regarder, de Siri Hustvedt

Rédigés sur une durée de six années, les essais ici rassemblés sont le reflet de mon désir de recourir aux lumières de plusieurs disciplines dans la simple mesure où j’ai acquis la conviction qu’aucun modèle théorique ne peut contenir la complexité de la réalité humaine. Le lecteur y trouvera des références à la philosophie, aux neurosciences, à la psychologie, à la psychanalyse, à la neurologie et à la littérature.

D’accord, vous avez raison, je suis monomaniaque de la famille Auster/Hustvedt, et je navigue de l’un à l’autre avec délices. J’ai même poussé le vice jusqu’à écouter les chansons de leur fille : et bien non seulement elle est belle, mais elle est extrêmement talentueuse. Peut-être donc que c’est héréditaire. Enfin bref, ces gens sont juste parfaits, et, acheté au salon du livre, ce gros livre n’a pas trop tardé à être voluptueusement englouti par mes soins.

Ils s’agit d’un recueil d’essais, publiés à l’origine dans des volumes très divers : revues littéraires, journaux, magazines (New-York Times, Guardian, Nouvel Obs), revues spécialisées. D’autres étaient à l’origine des textes de conférences. Ils traitent de sujets aussi variés que les neurosciences, la peinture — elle a donné une conférence au Prado sur Goya, au Metropolitan Museum sur Morandi —, la mode, la culture, la politique, la littérature, la lecture, l’écriture, la mémoire, l’amour, la perception.

Vagabonde intellectuelle, Siri Hustvedt semble s’intéresser à tout, et c’est ce qui rend ce recueil d’essai si foisonnant et, partant, passionnant : quels que soient les centres d’intérêts du lecteur, il trouvera, à un moment, voire à plusieurs, de quoi ce nourrir.

Et non seulement elle aborde une multitude de sujets, mais elle le fait de manière informée : elle maîtrise parfaitement cette transdisciplinarité, et ses réflexions ne sont pas celle d’une amatrice désinvolte ; au contraire, ces articles sont profonds, souvent ardus, toujours stimulants, immensément érudits, d’une richesse et d’une profondeur absolues.

C’est, il faut être honnête, à l’occasion difficile à suivre mais jamais volontairement obscur et Siri Hustvedt s’attache au contraire à rester accessible, d’autant que l’intérêt de ses écrits est aussi de s’inscrire dans l’expérience.

Elle pense à partir d’elle-même, elle en tant que personne, en tant que femme, ou en tant qu’écrivain.

Nous avons là une pensée brillante et complexe, et il serait dommage de passer à côté de l’expérience enrichissante que propose ce texte.

Vivre Penser Regarder (lien affilié)
Siri HUSTVEDT
Traduit de l’américain par Christine Le Bœuf
Actes Sud, 2013 (Babel 2015)

9 commentaires

  1. yueyin dit :

    Cette femme est stimulante, j’ai trouvé le monde flamboyant incroyablement riche tant au niveau des idées que du point de vue strictement littéraire. J’ai très envie de lire ses essais

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    1. Elle est brillantissime !

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  2. keisha41 dit :

    Ses essais valent le détour, exact!

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    1. Oh oui ! ça fait du bien aux neurones !

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  3. Tu me donnes très envie de découvrir ce livre car il m’intrigue beaucoup. Il a l’air d’avoir une « forme » originale ! je le note !

    Merci pour la découverte 🙂

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    1. La forme n’est pas vraiment originale : c’est un recueil d’essais ; ce qui est original, c’est vraiment la pensée de Hustvedt !

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  4. Un livre qui m’intéresserait sûrement !

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