Je suis critique. Une telle déclaration, en dépit de la gravité de ce que je m’apprête à narrer ici, me fait sourire vu les connotations de ce mot. Mais ce sont précisément ces ambiguïtés qui m’incitent à me définir ainsi, car j’aurais pu dire tout de suite que je suis un critique de théâtre professionnel, comme beaucoup le savent grâce à ma notoriété, acquise moins par ce que j’ai écrit dans les journaux que par ce que les journaux ont publié sur moi. Ma profession explique peut-être en partie mon comportement et ma manière de vivre, bref, ma personnalité, encore que je ne saurais dire si c’est cette personnalité qui m’a conduit naturellement à la critique, ou si c’est l’exercice de cette dernière qui a fini par contaminer mon comportement et ma personnalité.
Comme vous le savez sans doute, le Brésil sera à l’honneur du salon du livre de Paris, et c’est donc l’occasion de découvrir ou de continuer à découvrir cette littérature souvent méconnue et circonscrite pour le public à deux noms : Paulo Coelho et Jorge Amado. Mais il en existe évidemment d’autres, que les éditions Envolume, avec leur nouvelle collection « Brésil », s’attachent à mettre en lumière, comme ici Sérgio Sant’Anna, considéré par le public et la critique comme l’un des plus grands auteurs brésiliens contemporains, auréolé de plusieurs prix et traduit en anglais, allemand et espagnol, mais jusqu’ici pas en français.
Antonio Martins, le narrateur du roman, est critique de théâtre. Par hasard, il rencontre une jeune femme, Ines, une boiteuse qui est aussi peintre et modèle. Il en devient vide quelque peu obsédé. Le récit que nous lisons est une sorte de confession au sujet d’un événement grave qui s’est produit, mais nous ne saurons lequel qu’à la fin.
Ce texte est sans conteste brillant : donner la parole à un critique d’art, ici de théâtre, c’est se donner la possibilité d’une réflexion sur les rapports entre l’art et le réel, entre l’art et la vie, mais aussi l’art est la critique. Tout le rapport du narrateur avec le monde est médiatisé par son métier et le filtre du théâtre, si bien que tout événement devient une sorte de mise en scène. Ce thème du theatrum mundi n’est évidemment pas nouveau, mais il est ici renouvelé par sa mise en évidence, un peu comme si l’auteur avait mis des lumières clignotantes pour le signaler. Mais ce n’est pas vraiment ça le problème. Le problème, c’est que si ce texte est brillant, offrant des réflexions méta-littéraires d’une grande richesse, il l’est au détriment de deux ingrédients fondamentaux de la fiction : l’émotion tout d’abord, car le narrateur apparaît finalement comme assez froid et seulement intéressé par l’exercice de la critique ; et puis, surtout, cela se fait au prix d’une dilution totale de l’intrigue. Que se passe-t-il dans ce roman ? Rien, ou pas grand chose. Pour tout dire, il s’agit d’une nouvelle à laquelle on aurait donné des hormones de croissance.
Résultat ? Beaucoup d’ennui et ça et là quelques pages intellectuellement stimulantes sur l’art et l’exercice de la critique. Cela ne fait malheureusement pas un bilan très favorable !
Un crime délicat
Sérgio SANT’ANNA
Traduit du portugais (brésilien) par Izabella Borges-Barrot
Envolume, collection Brésil, 2015
Aïe, il est sur ma pal et il risque d’y rester longtemps…
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Ben non, si ça se trouve ça te plaira !
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Je te rejoins pour le côté brillant du texte mais je m’y suis, moi aussi, ennuyée …
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Ah… j’espérais que j’étais une exception…
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Grosse déception ! Ennuyant, oui. Le texte est inégal… C’est mal écrit.
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Mal écrit, je ne dirais pas ça ; mais en effet ce n’est pas palpitant !
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Très ennuyant ! Pas palpitant, vous avez raison, Caroline.
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