J’ai continué à errer sans but, espérant le recroiser, mais il semblait n’être nulle part. Je me suis souvenu qu’il fallait que j’essaye de me faire des amis. J’étais déterminée à ce que cette rentrée soit un nouveau départ dans ma vie ; au collège, j’étais une célébrité, mais pas dans le bon sens. J’étais tristement connue comme la fille bizarre, qui n’a pas d’amis à part deux ou trois ratés notoires […] on rigolait sur mon passage, on me balançait des vannes méchantes, comme ça, gratuitement….
La vie de Camille, la narratrice, bascule le 11 septembre 1996 : ce jour-là, elle entre en seconde, option Arts Appliqués, et rencontre Mathieu, dont elle tombe « raide dingue amoureuse », et qui va la hanter pendant tout le reste de sa scolarité.
Dans sa préface, Tristan Garcia parle de ce roman comme d’une Education sentimentale des années 1990. Pour ma part, et s’il faut absolument comparer à quelque chose (mais le faut-il ? Comparaison n’est pas raison), je dirais plutôt Madame Bovary. C’est un roman où, finalement, il ne se passe rien, et qui suinte l’ennui par toutes les pages, l’ennui de la banlieue, l’ennui de la province, l’ennui de l’adolescence. Quitte à, au final, ennuyer le lecteur.
Pour être honnête, j’ai trouvé le début rafraîchissant : en 1996, je venais de passer mon bac, donc on va dire que c’est ma génération (la fameuse génération X !) qui est évoquée dans ce roman, et c’est vrai que cela m’a rappelé certains souvenirs, pas forcément glorieux : l’obsessionnite pour un garçon, les projections sur le futur, « comment je m’habille demain », « je n’ose pas venir te parler », « oh là là il m’a regardée », bref, vous voyez le tableau. J’ai aussi trouvé très intéressant le motif de la musique qui constitue comme un fil rouge de tout le roman ; le titre lui-même est une référence à une chanson de Lou Reed.
Mais. De manière générale, j’ai détesté. J’ai trouvé ce roman extrêmement glauque et déprimant, en plus d’être perclus des clichés les plus affligeants, entre les adolescents qui passent leur temps à boire et à fumer pas que des cigarettes et la campagne picarde, dont à force de le lire partout je vais vraiment finir par croire que c’est un repère de beaufs alcooliques et fachos. Quant à la Seine-et-Marne, je n’en parle même pas : il ne s’y passe rien.
Donc, Camille, c’est Emma Bovary, elle passe 3 ans à fantasmer sur un garçon plus que bizarre qui tantôt lui répond, tantôt ne lui répond pas (et qui ferait bien d’aller voir un psy, à mon avis) et à s’ennuyer. Sauf que ce n’est pas Flaubert, et le style oral du roman m’a assez vite crispée.
Bref. Je pense que ce roman n’était pas du tout pour moi, j’ai lu ça et là des commentaires beaucoup plus positifs, voire dithyrambiques. Donc à vous de voir…
Noël en février
Sylvia HANSEL
Rue Fromentin, 2015
S’il ne s’y passe pas grand chose, ce n’est pas pour moi.
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Honnêtement, je n’ai pas trouvé ça palpitant !
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