Je poussai un long soupir, pour m’amuser, pour l’inquiéter. Nous étions le 29, et tous les 29, je testais mon pouvoir. Ce n’est pas comme si je voulais blesser les hommes délibérément… mais à défaut de pouvoir désirer, j’avais besoin du désir des autres. Le désir des autres, c’était, simplement, ma façon de survivre.
Les deux derniers romans de Delphine Bertholon, Grâce et Le Soleil à mes pieds, m’avaient totalement séduite, et c’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de son dernier né, qui sort mercredi.
Clémence a 15 ans. C’est l’âge de l’insouciance. Elle fête l’été, la fin du collège. Mais, dans une ruelle déserte, une mauvaise rencontre met fin à l’âge de l’innocence.
Clémence a 30 ans. Elle travaille à la Clinique, une usine qui fabrique des poupées grandeur nature pour célibataires fortunés. Tous les 29 du mois, elle célèbre un triste anniversaire en se mettant en chasse d’un homme pour la nuit. Elle baise, alors qu’elle n’aime pas ça, comme pour exorciser sa douleur.
Sur un sujet extrêmement difficile, Delphine Bertholon nous livre un roman maîtrisé à la perfection. Dans la majeure partie du roman, les deux temporalités de Clémence alternent : celle de ses quinze ans, racontée à la troisième personne, et celle de ses trente ans, à la première personne. Dans ces deux temporalités, qui se répondent par des jeux d’échos et de symboles parfaitement orchestrés, résonne l’événement traumatique qui, comme dans un rite de passage, fait brutalement entrer Clémence dans le monde des adultes — et dans celui des apparences, de la comédie, des masques, motifs obsédants du roman. Car Clémence ne parle pas : dotée de parents surprotecteurs, elle doit taire ce qui lui est arrivé pour préserver le peu de liberté dont elle dispose. Et c’est ce silence, ce secret, qui envahit tout et détruit tout.
C’est un texte qui fait mal, et qui pourtant fait du bien. Parce qu’il se lit, aussi, à un double niveau : la quête de soi et d’indépendance de Clémence, ses errances, sa violence, c’est aussi celle de tous les adolescents, et elle apparaît finalement comme une Belle au bois dormant rebelle qui finit par se réveiller après avoir traversé les neuf cercles de l’enfer.
Chacun de nous a ses fantômes, chacun de nous a ses douleurs, ses faiblesses, ses traumatismes qui nous hantent et nous empêchent d’avancer. Comment les exorciser ? C’est aussi ce que nous montre ce très beau roman sur la résilience, à ne laisser échapper sous aucun prétexte !
Les corps inutiles
Delphine BERTHOLON
Lattès, 2015
J’aime beaucoup ton billet. Je l’ai lu en me disant ah oui c’est exactement comme ça que j’aurai aimé le dire. J’ai aimé ce roman autant que tu sembles l’avoir apprécié.
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Oui, c’est vraiment un beau roman ! J’irai lire ton billet ce soir !
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oui, un livre qui est fort !
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Il marque !
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Influencée par le message de Gilles Paris, je vais prochainement lire ce livre aussi.
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Bonne lecture !
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A reblogué ceci sur jean-louis.riguet-librebonimenteuret a ajouté:
Survivre grâce au désir des autres !
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j’aime bien cet auteur aussi mais le thème ne m’attire pas tellement…
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Ah, ça…
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Un de mes prochains, j’ai hâte …
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Je pense que ça peut te plaire !
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Effectivement j’ai été plus que touchée …
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C’est un roman très fort !
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Un sujet difficile s’il en est…
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Il me le faut…
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😉
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un livre puissant qui ne doit pas laisser indifférent.
j’ai partagé cet article sur mon groupe FB Livres Ô Blog
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Merci 😉
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Tu me donnes envie de le découvrir.
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C’est bien le but !
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J’avais adoré L’effet Larsen, quand à Grâce il est dans ma PAL, j’ai très envie de découvrir celui maintenant, tu es terriblement tentatrice sur ce coup là ;0) Encore un qui finit dans vos billets tentateurs ;0) Bisous, bonne journée
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Diabolique je suis 😉 Bises
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Tu en parles particulièrement bien. J’essaierai de le trouver !
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J’espère qu’il te plaira 😉
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je ne doute pas de la qualité de ce roman et de cette plume, mais le sujet me fait dire que ce n’est pas pour moi ces temps ci.
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Oui, je peux comprendre…
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Ta chronique est magnifique, j’ai également adoré ce roman. Il est extrêmement bien écrit.
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Oui, c’est un magnifique roman !
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