Quelque chose en Margot la poussait à réagir. Elle sentit une force monter du plus profond d’elle-même comme si le dragon de ses dessins irradiait par les pores de sa peau. Mais ça la terrorisait bien davantage que la fille et son gang. Elle respira pour se calmer. Ne pas répliquer. Se défendre ne serait pas simplement se défendre. Ce serait commencer autre chose. Ce serait ouvrir une nouvelle ère. Alors Margot préféra se laisser bousculer et insulter.
Chaque enfant rêve de devenir un super-héros. Dans les cours de récréation, Superman s’amuse avec Batman et Spiderman. C’est normal. Et puis, en grandissant, les rêves deviennent moins grands. C’est d’ailleurs ça, grandir : renoncer à une partie de ses rêves, et prendre en compte le principe de réalité. En grandissant, on comprend qu’on ne deviendra pas Wonder Woman.
Pourtant, Margot, elle, est véritablement une super-héroïne. Orpheline, timide et solitaire, elle dessine des dragons. Mais un jour, face à une agression, elle laisse apparaître sa véritable nature : dotée de super-pouvoirs, elle dézingue de manière peu charitable ses agresseurs, qui finissent en tartare. Les services secrets, qui la récupèrent, lui demandent alors de mettre ses facultés au service de l’ordre et de la justice. Enfin, en tout cas, de ce qu’ils considèrent être l’ordre et la justice.
J’avoue que ce roman complètement loufoque m’a pas mal déconcertée, mais dans le bon sens du terme : c’est d’une originalité décoiffante, on s’amuse beaucoup, mais en même temps c’est très subtil. Martin Page nous propose un personnage particulièrement attachant : Margot est une adolescente à la fois fragile et forte, mais surtout déterminée, et à travers sa différence, qui fait d’elle un être supérieur, l’auteur ausculte la société. Une société en perte de repères, et qui a bien besoin de se rassurer grâce aux super-héros : Margot, sous le nom de Dragongirl, devient donc l’équivalent d’une déesse, adulée et adorée, même si elle devient rapidement l’enjeu de luttes politiques. Comme tout super-héros qui se respecte, elle a la panoplie qui va bien, et toute l’imagerie qui va avec, parce que c’est important : nom, photographies, costume dessiné par des couturiers et qui comprend obligatoirement une cape inutile mais, voyez-vous, « elle faisait partie de la panoplie ridicule et nécessaire de tous les superhéros ».
Mais les hommes sont stupides, mesquins, méchants. Et Margot grandit.
Ce roman, au final, est une très jolie fable sur le passage à l’âge adulte. Une sorte de roman d’apprentissage. Apprendre à être soi et non ce que les autres veulent. Apprendre, aussi, à renoncer à la toute-puissance. Apprendre à aimer. Un très beau roman donc, original et lumineux, drôle et profond, à mettre entre toutes les mains !
Je suis un dragon
Martin PAGE (Pit AGARMEN)
Robert Laffont, 2015
Les super héros, le surnaturel, ce n’est pas vraiment mon truc mais je sens que dans ce roman, il y a bien davantage. Un personnage tout en finesse, attachant. Je n’ai lu que des avis positifs sur ce livre. Il ne me reste qu’à le lire.
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Oui, ce n’est pas simplement une histoire de superhéros !
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Je tente de résister à ce roman depuis de Miss Léo en a parlé…vous avez toutes décidé de vous liguer contre moi, c’est ça ? 😉
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C’est exactement ça, oui !
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un roman sur finalement une période compliquée de la vie, c’est tentant
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Plus je lis d’avis et plus il m’intrigue ce roman.
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J’ai deux petites questions qui me tarraudent : C’est un roman adulte ou ado ? Et pourquoi l’auteur a deux noms ?
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Adulte ou ado ? Les deux, je pense, c’est dans une collection pour adultes mais ça peut intéresser les ados. Sinon, pour le nom, c’est parce que Martin Page s’était créé un hétéronyme et puis il a manifestement plus ou moins changé d’avis
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Eh bien, cette chronique m’a mis l’eau à la bouche 🙂 j’aime les romans d’aventures, et si en plus à travers les superhéros l’auteur ausculte la société, que demande le peuple ! je note 🙂
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que de bons avis is, donc je veux le lire !
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A découvrir, pourquoi pas, j’aime bien les romans d’apprentissage.
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