Sade. Attaquer le soleil, au musée d’Orsay

La férocité est toujours ou le complément ou le moyen de la luxure. (Sade, La Nouvelle Justine)

Le Divin Marquis, pour le bicentenaire de sa mort, est à l’honneur. Michel Onfray, le philosophe iconoclaste, lui consacre un ouvrage dont il a tellement parlé un peu partout que je n’ai même plus envie de le lire (trop de promo tue la promo). Et deux expositions lui sont consacrées : l’une à l’Institut des lettres et des manuscrits, dont nous parlerons la semaine prochaine, et l’autre au musée d’Orsay, dont nous allons parler maintenant.

Sade à Orsay, c’est un peu surprenant, de prime abord : le XVIIIème n’est en effet pas la période à laquelle s’intéresse le musée. Mais il y a, bien sûr, une explication : si l’oeuvre du Marquis a eu un impact retentissant sur la littérature, et notamment sur Baudelaire, Huysmans, Flaubert, Swinburne ou encore Apollinaire, elle a aussi influencé les arts plastiques, et c’est à cette « révolution sensible » au XIXème siècle que s’intéresse l’exposition.

Les œuvres, mises en regard avec des extraits des textes de Sade et occasionnellement d’autres auteurs, font la part belle à la chair et à violence.

Corps nus, martyrisés, sacrifiés, assassinés, dévorés, écorchés, dépecés, suppliciés, disséqués, violés, décapités s’offrent au regard du visiteur et mettent en évidence la violence des hommes, et l’origine sexuelle de cette violence. Des œuvres de qualité : Delacroix, Goya, Rodin, Füssli, Degas, Beardsley, Cézanne, Man Ray, Redon.

Le désir et la violence. Les désir et les excès. Eros et thanatos.

Comme cela semble être la mode, un « cabinet noir » pour visiteur averti propose une exploration des perversions sexuelles.

Bref, une exposition fascinante et d’une grande richesse, mais très complexe car elle veut embrasser tout l’héritage sadien, et l’on finit par se perdre un peu : à mon avis, l’ensemble pèche par excès d’ambition et manque d’un véritable principe organisateur.

Les sections ont tendance à se recouper et on ne sait pas toujours clairement pourquoi telle œuvre est à tel endroit et pas à tel autre ; par exemple, j’étais fort surprise de ne pas trouver les Salomé de Gustave Moreau dans la section sur les martyrs et exécutions où l’on trouvait les Judith, et je ne l’ai trouvé que plus tard. De plus, j’ai tout de même eu l’impression que Sade était surtout un prétexte.

Sade. Attaquer le soleil.
Musée d’Orsay
Commissariat : Annie Le Brun et Laurence des Cars
Jusqu’au 25 janvier 2015

26 commentaires

  1. Bernieshoot dit :

    A voir sans doute

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    1. Oui, c’est une des expos incontournables du moment !

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  2. Leiloona dit :

    J’irai, sans doute, même si effectivement d’après les échos entendus, Sade n’est qu’un prétexte alléchant pour faire venir le client.

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    1. Oui, mais ça reste une exposition riche !

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  3. rp1989 dit :

    Si seulement j’habitais à Paris… Cette expo m’intéresse bien.

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    1. Tu auras peut-être le temps ?

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      1. rp1989 dit :

        Je ne pense pas. J’ai aussi d’autres expos à voir vers chez moi.

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        1. Ah, mince, dommage…

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  4. J’avais d’ores et déjà noté cette exposition dans mes « incontournables ». Je n’en ai désormais qu’encore plus envie d’aller la visiter. Merci pour ce billet Caroline

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  5. Eva dit :

    Merci pour ce billet qui m a confortée dans l idée d aller voir cette expo 🙂 je ne connaissais pas la vidéo et elle est vraiment très belle

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    1. Oui, je la trouve très raffinée et sensuelle !

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  6. pralineries dit :

    C’est le genre d’expo qui se veut ‘hot’, comme celle sur le nu masculin d’il y a un ou deux ans, qui me semble complètement inutile ! Un prétexte, comme tu le dis, pour attirer des visiteurs autour d’un nom.

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    1. J’avais beaucoup aimé le nu masculin. J’ai aussi aimé celle-là, mais j’ai préféré celle de l’Institut

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  7. Bracard dit :

    C’est certain à voir, savoir aussi que cela donne l’impression d’un fourre-tout (sans jeu de mot!) juste une sensation parfois d’anachronisme et l’idée que tout oeuvre peut appartenir à cette esthétique.
    Comme c’est justement précisé dans votre commentaire, on se perd, il est certain que le propos de l’émergence du désir dans l’esthétique est passionnant mais y mettre toutes ces oeuvres c’est prendre le problème par son inverse il me semble et cette superbe question, l’exposition y répond-elle? y -a -t-il de l’art sans désir?

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    1. C’est une question sans doute trop complexe pour une exposition, même de cette envergure !

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  8. Matthieu dit :

    Je suis resté un peu mitigé.. Trop de cons et de vits! Et trop peu de tableaux par rapport au reste.
    Rien à voir mais j’ai préféré mille fois Carpeaux.

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