J’éprouve une véritable fascination pour les objets marquant le passage du temps, en particulier les horloges. J’hésite pour l’expliquer entre l’obsession personnelle qui serait à psychanalyser et l’atavisme familial (mon grand-père a tendance à installer 5 pendules dans chaque pièce, mon père pas loin et ma mère collectionne les montres). Chez moi, cela se traduit par une marotte photographique : je ne peux pas passer devant un bâtiment décoré d’une horloge sans le prendre en photo (j’en ai d’ailleurs repéré une sur le trajet Paris-Orléans qui m’a l’air bien jolie, mais je n’arrive pas à identifier sa ville). Ce qui me conduit, on le comprend bien, à beaucoup photographier les églises, et cela fait beaucoup rire autour de moi ceux qui connaissent mon aversion assez pathologique pour ces lieux, mais enfin, l’esthétique prime, et d’ailleurs il y a des horloges ailleurs que sur les églises, heureusement.
Cette fascination n’est sans doute pas sans lien avec ce célèbre et ô combien magnifique poème de Baudelaire (mon dieu), « L’Horloge » :
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! «
Je commence à en avoir une jolie collection, que voici :
Très beau billet!!! 🙂 Et belle collection…
Mon grand-père est pareil, les « tic tac » qui résonnent un peu partout dans sa maison ne sont pas synchros et ça rend un peu dingue : on dirait vraiment que quelque chose va finir par exploser. Mais c’est tout de même fascinant cette obsession pour le marquage du temps.
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Apparemment, c’est assez répandu chez les écrivains
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Celle de Prague est superbe !
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Merci
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