Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Je n’avais jusque-là lu aucun roman de Grégoire Delacourt, faute d’envie, et je dois avouer qu’au départ celui-ci n’avait pas vraiment retenu mon attention. Mais, ayant lu des avis très positifs, je me suis dit qu’après tout, pourquoi pas, le résumé étant prometteur.
C’est facile de louper sa vie. Il suffit de renoncer à se battre, accepter d’être écrasé, broyé. De se résigner à la médiocrité, à la lâcheté. C’est ce qu’a fait Antoine, expert pour les compagnies d’assurances, dont le travail consiste à chiffrer les dommages et essayer de payer le moins possible. Alors il chiffre sa vie, prend conscience du désastre, et se résout au pire, à l’inqualifiable, au monstrueux.
Ce roman ne manque pas de qualités, et toute la première partie est excellente : au fil des chapitres, dans une alternance entre le passé et le présent, s’égrainent les prix qui font la valeur de la vie d’Antoine. Une vie anesthésiée, sans fantaisie, sans aspérité. Se dégage du texte une grande mélancolie teintée d’amertume, un sentiment de tristesse assez effroyable, qui prend à la gorge, étouffe, et tout s’enchaîne avec l’implacabilité de la tragédie ; la seule lueur d’espoir, tout petit lumignon dans le noir, c’est Anna et Thomas, deux moitiés d’êtres qui parviennent à devenir un.
A ce stade-là, on se dit qu’on tient un très bon roman, excellent peut-être. Mais Delacourt ne s’est pas arrêté là, malheureusement, et il y a les deux autres parties. Qui selon moi gâchent tout. La deuxième est au mieux inutile, et quant à la troisième, ça suinte le pathos par tous les mots, c’est à la limite du supportable. Et puis, surtout, il y a cette fin. Une fin que l’on voit venir depuis le début si on a lu la quatrième de couverture puisque le gros mot est lâché : « pardon ». Si au moins l’auteur nous avait gratifiés d’une fin de tragédie grecque et de la noblesse de la vendetta, au moins cela aurait eu de l’allure ; mais non, il n’a pas su résister à l’étalage de bons sentiments, oui-oui dans la petite maison dans la prairie, on s’embrasse et on oublie tout. Et là, j’avoue, ce n’est pas passé, ça ne peut pas passer. Ce n’est ni crédible, ni littérairement cathartique.
Ce roman est donc un peu comme le Titanic : ça part très bien en grande pompe jusqu’à l’accident, tout va de plus en plus mal jusqu’à finir par un naufrage. Et c’est dommage car il y avait vraiment quelque chose. Tant pis.
Donc pour moi ce n’est pas fondamentalement un mauvais roman, il a des qualités, mais il est loin d’être un chef-d’oeuvre, et je m’interroge quant à sa présence sur la première liste des goncourables. Ou alors les jurés n’ont lu que le début (?).
Lu par Leiloona, Lorelei, (qui ont adoré) Jostein, Val
On ne voyait que le bonheur
Grégoire DELACOURT
Lattès, 2014
12/12 Mission complete
By Hérisson
J’ai lu « La liste… » qui pêche par les mêmes défaut: une histoire de base prometteuse mais un traitement sans originalité, qui n’utilise pas tout le potentiel… Encore un auteur qui va se vendre sur son nom…
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Pas longtemps, s’il ne tient pas ses promesses
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bon, je crois qu’il faut le lire pour se faire sa propre opinion.
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Oui, sans aucun doute
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J’admire votre sagesse …. du bon sens.
Je viens de relire ce livre 7 ans après.
J’ai à nouveau été bouleversé et j’ai encore versé quelques larmes à la lecture des dernières pages (cela ne m’arrive que très rarement).
Les 3 histoires sont différentes, tant sur la forme que sur le fond, mais sont complètementaires.
Les 3 traitent d’un besoin éperdu d’amour et de reconnaissance, des moments de bonheur et d’autres dramatiques… je pense que beaucoup d’entre nous, vivants et sensibles peuvent s’y retrouver.
Assurément le plus beau livre que j’ai eu la chance de rencontrer (et je lis beaucoup)
Xavier
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Décidement… Je suis en train de lire un autre « goncourable » et à la moitié du livre,je m’interroge également…merci de m’épargner celui-ci!
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Lequel ?
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Finalement, tu réussis à en tirer du bon. Même dans la première partie, j’aurais aimé mieux ressentir la déprime ou la rage. Effectivement, c’est davantage la résignation. Ce qui ne colle pas, selon moi, avec le comportement futur. Le sujet est à mon sens beaucoup trop dramatique pour l’univers de l’auteur. Il faut toutefois saluer la prise de risque. Je ne comprends pas non plus sa sélection dans la première liste Goncourt.
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Oui, il prend un risque mais bon…
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Je rejoins le dernier comm moi j’ai malheureusement stoppé ma lecture avant la 2eme partie … Je n’ai pas accroché et je me demande encore d’où viennent ces si nombreux avis élogieux …
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Disons qu’on ressent les choses différemment selon son vécu
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Toujours pas envie de le lire, même si sa présence sur la liste du Goncourt m’a franchement intriguée… car je n’imaginais même pas qu’il y serait… Mais tu en parles très bien je pense et tu me donnes encore envie d’aller y jeter un oeil 🙂
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Paradoxalement, alors
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J’avais plutôt bien aimé « La Liste de mes envies » même si ce n’était pas transcendant, beaucoup moins « Le première chose qu’on regarde » et pour celui-ci vu ce que tu en dis je pense que je peux m’épargner cette lecture.
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Disons que c’est un ouvrage dont on peut se dispenser selon moi
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Malgré cela, je suis tentée de le lire, mais pas dans l’immédiat!
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Comme ça tu te feras ton idée
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La partie de l’exil m’a moins convaincue, mais le point de la jeune fille si … je n’y ai pas vu le pathos, du moins je ne l’ai pas ressenti comme toi. Et la fin ne dit pas non plus si cela dure … on peut très bien retrouver son père, croire au pardon sans y parvenir. mais nous lisons aussi chacun des romans avec nos propres histoires. 😉
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Oui, et la mienne dit qu’il y a des choses qu’on ne peut même pas imaginer pardonner… Mais bon…
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Hum, j’ai du mal m’exprimer … je parlais plutôt du ressenti de la 4ème partie dont je n’ai pas ressenti le pathos comme toi.
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Ah oui, je n’avais pas compris, effectivement
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Je suis pas tentée, déjà le précédent ne me disait rien, donc tu ne fais que me confirmer dans mon impression. Par contre il paraît que le 1er est meilleur !
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Il ne m’a jamais tentée, personnellement
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Bof bof pour moi aussi, pas aimé, pas accroché, il y a un côté rédac de 6ème qui me gonfle..
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Oui, c’est vrai que c’est assez scolaire
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Toujours aussi tentée, d’autant que j’avais profondément détesté La liste de mes envies… Celui ci par contre titille drôlement ma curiosité !
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C’est presque de la perversion !
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Je n’ai pas accroché à la deuxième moitié du roman, mais j’ai été saisie par le début. Je comprends fort bien tes réticences, pour le coup.
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😉
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Bon, je pense que je me pencherai quand même dessus à l’occasion, mais avec moins d’enthousiasme que prévu ! Certains l’ont noté coup de coeur dans le challenge, j’espérais donc…
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Si ça se triuve, tu aimeras
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Mr DELACOURT écrit des livres avec une belle idée au départ mais un développement sans trop de style et beaucoup de marketing. C’est plutôt un produit publicitaire qu’il écrit, et non une histoire.
Dommage, car ce type de livre convient à des lecteurs cherchant des lectures trop souples, trop sms, comme quand ils lisent 20mn dans le métro. Sans profondeur.
Décevant
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Je pense qu’il a du potentiel, mais pas encore abouti
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je reviens vers vous un peu tard , d’accord avec vos conclusions !
J’ai lu oui j’ai lu une première partie vraiment excellente ( pourtant j’ai infiniment détesté la chute , j’assume )
La seconde partie alors là… je ne sais pas je ne comprends pas .. rien néant no comment souvenirs de voyage pour l’auteur et envie de lui dire à chaque page » on s’en fiche « …basta cosi !
Et puis , bien entendu, il le fallait, avec une ficelle un peu grosse arrive la « reconstruction » donc je n’aime pas le déroulement …
Scénario macabre pour un livre décevant ..
Guy
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Oui, l’ensemble ne tient pas ses promesses !
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Je suis contente de voir que tu te poses la question de sa place sur la liste du Goncourt, je m’interrogeais aussi !
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Nous sommes assez nombreux, en fait
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Ce sera ma prochaine lecture quand j’aurai fini « Peine perdue » d’Olivier Adam, alors j’espère passer un meilleur moment que toi… On verra!
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S’il est aussi décevant, quoi que dans un autre genre, que La liste de mes envies, je vais m’épargner cette lecture.
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On peut s’en passer
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J’ai trouvé que la « scène capitale » qui fait basculer la vie des personnages ne cadre pas avec la personnalité du narrateur tel qu’il se décrit dans la première partie et qu’en effet la deuxième partie est proche du roman de gare et contraste avec la première. Par contre la fin m’a tout d’abord agaçée puis petit à petit, même si la fin est pressentie, éblouit, je n’y ai pas vu de pathos et j’ai trouvé que l’auteur s’en sortait pas mal pour mettre en scène la capacité de résilience de l’être humain, beaucoup mieux que dans La liste…
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C’est amusant comme les avis divergent totalement !
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Ah ?! Premier avis négatif bien tranché que je lis sur ce roman.
Je sais que ma bib donc je le lirai sans doute, pour voir !!!
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Oui, tu verras bien !
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Ce livre m’a marquée http://www.mademoiselleestcommetoutlemonde.blogspot.fr/2015/10/livre-on-ne-voyait-que-le-bonheur.html?m=1
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