Il existe un point précis dans la trajectoire d’un artiste.
Le moment où sa propre voix commence à se faire entendre.
La densité se propage en elle, comme du sang dans de l’eau.
J’étais très curieuse de découvrir Charlotte, et je me suis un peu précipitée dessus, afin de pouvoir le lire sans être parasitée par la déferlante d’articles que ne manquera pas de susciter ce roman, ayant l’intuition qu’il s’agissait d’une œuvre pas comme les autres. Il faut dire que Bernard Lehut, sans trop en dire, avait su achever de me convaincre :
« Charlotte » est d’une poignante gravité et d’une audace formelle aboutie, n’en déplaise à ceux qui voient en David Foenkinos un auteur léger
— Bernard Lehut (@BernardLehut) 19 Août 2014
Donc, Charlotte. Après une enfance à Berlin marquée par la fatalité et la mort, Charlotte, qui porte jusque dans son prénom cette lourde histoire familiale, se découvre un talent pour le dessin et la peinture. Mais elle est juive (même si de fait elle ne sait rien de cette religion dans laquelle elle n’a pas été élevée) à une époque où les juifs sont exclus progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande.
Elle tombe amoureuse, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France, auprès de ses grands-parents qui espèrent ainsi la sauver de la barbarie. C’est là qu’elle compose son œuvre picturale autobiographique, qu’elle met à l’abri avant d’être rattrapée par le Mal et d’être assassinée par les nazis, alors qu’elle est enceinte de quatre mois.
Le moins que l’on puisse dire c’est que dans ce roman, Foenkinos ne fait pas du Foenkinos, tant on est loin de ce à quoi il nous avait habitués ; j’irai même jusqu’à dire que si le roman nous avait été proposé en aveugle, sans nom d’auteur, bien malin aurait été celui qui l’aurait reconnu.
Toi qui ouvre ce livre, abandonne tout espoir d’en sortir indemne : c’est sombre, bouleversant, poignant, grave. D’emblée, on est happé par le choix formel : des phrases courtes, incisives et percutantes comme autant de coups de poings, présentées en vers libres ; la lecture se fait en apnée, dans un sentiment d’urgence renforcé par l’utilisation du présent narratif.
Un long poème qui nous retrace ce destin brisé d’une femme marquée dès le jour de sa naissance par la fatalité et qui parvient, du fond de l’abîme, au milieu de l’horreur, à sublimer sa vie par l’art.
Magnifique hommage à Charlotte Salomon, ce roman est aussi le récit d’une quête, et non une biographie : ponctuellement, l’auteur s’invite dans son texte pour nous livrer son cheminement, de sa découverte de l’œuvre de l’artiste à ses pèlerinages sur les lieux où elle a vécu. La manière dont le roman s’est finalement imposé à lui, comme une nécessité ontologique.
Un grand roman, de ceux qui nous marquent profondément et nous transforment, à lire d’urgence !
Charlotte (lien affilié)
David FOENKINOS
Gallimard, 2014
Après de nombreuses lectures de l’auteur, je fuis maintenant un peu cette « légèreté » ressentie ( je ne suis donc pas la seule puisque Bernard Lehut a identifié cette partie du lectorat). J’avais aimé La délicatesse et depuis, bof…en te lisant, je me dis que ce n’est donc pas le moment de faire l’impasse. Je note ce titre pour mes prochaines lectures.
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C’est tout sauf léger !
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Je n’ai jamais lu de livre de l’auteur, mais celui ci à l’air moins « leger » que les autres et me tente bien
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Ah oui, le moins que l’on puisse dire est que c’est moins léger !
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Je me le suis offert il y a peu… Justement parce que Foenkinos ne fait pas du Foenkinos ici… Hâte de le lire !
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J’attends ton avis !
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Ah, Foenkinos et Delacourt sont donc en pleine mutation ! Je n’ai jamais rien lu de lui, alors je commencerais bien par celui-là, pour le coup !
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Oui, une mutation, pour Beigbeder aussi d’ailleurs apparemment !
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Tout ce que tu en dis me tente. Sans doute un des romans qui va faire le plus parler de lui en cette rentrée.
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Je pense, oui ! Peut-être goncourable, on verra !
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Alors que je ne suis généralement pas intéressée par le style Foenkinos… ce roman m’interpelle. Ce revirement dans mes envies de lecture me fait bien penser que ce roman va être vraiment partout sur la toile !
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Je pense qu’il y aura un tsunami, oui
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« Sombre », « grave » ?! Pour le coup, je suis très intriguée…
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Oui, c’est vraiment le sentiment qui domine, inhabituel quand on a l’habitude de lire l’auteur
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Tu es très convaincante, je n’ai pas encore commencé mes lectures « rentrée littéraire » mais je sens que celle-ci va faire partie des premières
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Ah, j’en suis ravie !
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Tu m’as convaincue de le lire!!
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Heureuse de t’avoir convaincue alors !
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Conseillée par une libraire, maintenant par toi… Je m’y intéresserais forcément :0)
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Je pense que c’est un de ceux dont on parlera le plus !
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Je ne suis pas sûre d’avoir envie de le lire mais j’avais aimé entendre l’auteur parler de ce roman cet été sur France Culture.
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Pas entendu, dommage ça m’aurait intéressée
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Un roman qui, d’après ta critique, me séduit énormément.
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Alors fonce !
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Commencé hier soir, je réserve mon avis 🙂
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Ohohohoh !
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Tiens je le lirais bien celui-là ! En ce moment sur le blog, tente de gagner les 5 ouvrages de Dan Brown au Livre de poche, dans leur tout nouveau design, c’est par ici 🙂 http://www.shoparoundtheco.fr/inferno-dan-brown-concours/
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Comme Valérie, j’ai aimé entendre l’auteur parler de « Charlotte » dans les bonnes feuilles mais contrairement à elle, j’ai envie de le lire.
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Tu as raison, c’est magnifiquej
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Je vais le lire, il devrait arriver dans quelques semaines à ma bib’ ! C’est cool , je peux beaucoup en discuter avec la bibliothécaire qui me demande ce que j’ai repéré comme titre pour la rentrée pour qu’elle compose sa commande. Bon, je ne suis pas un élément décisif, mais tout de même !
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Ah oui, c’est bien ça !
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Phrases percutantes qui ma mise ko au début et j’ai failli abandonner en me disant « trop c’est trop »
Heureusement la quête de l’auteur qui parsème le roman m’a permis de respirer un peu.
Quand à David Foenkinos je ne l’ai jamais trouvé léger mais poétique, et là je reste un peu sur ma faim.
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C’est sûr que c’est un texte pesant
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Il y a longtemps que je n’ai pas lu Foenkinos. Pourquoi pas alors…
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Attention, c’est vraiment très différent de ce qu’il fait d’habitude
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Eh bien, si Foenkinos ne fait plus de Foenkinos, je vais peut-être me laisser tenter !
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C’est clair que c’est très différent de ce qu’il fait d’habitude
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