Tu sais, Daria, notre correspondance me fait du bien. Tes questions, tes difficultés, ton expérience me donnent l’occasion de penser à ma pratique, et d’esquisser des solutions. On oublie que les autres sont là et que c’est dans le dialogue que l’on progresse. T’écrire a un bel effet : ma déprime est en train de perdre de sa consistance.
L’autre jour, Martin Page était l’un des invités d’Augustin Trapenard dans le Carnet d’or et en l’écoutant, j’ai eu immédiatement envie de lire ce texte, assez difficile à classer d’un point de vue générique (mais auquel j’attribuerai l’étiquette « essai », par commodité), qui aborde toutes les facettes de la vie d’écrivain.
A la manière de Rilke dans Lettres à un jeune poète, Martin Page répond aux lettres d’une jeune écrivaine répondant au prénom de Daria*. La correspondance, qui court sur plusieurs mois, aborde tous les problèmes que se pose la jeune femme, de l’écriture de son roman à sa publication.
Alors, sur le fond, ce texte est résolument passionnant pour qui s’intéresse à ce que c’est que c’est que d’être un écrivain, et mine de rien Martin Page a répondu à pas mal de mes propres questions. Tous les aspects sont ici traités, au fil des questions que se pose Daria dans ses lettres (que nous n’avons pas) : des réflexions sur le monde littéraire et éditorial, sur l’appellation d’écrivain, sur l’engagement, l’idéologie et le rapport au monde, les problèmes bassement matériels comme les impôts, la sécurité sociale, la retraite, l’éthique, pourquoi écrire et pour qui on écrit, le numérique et internet, comment se faire éditer, quelle maison choisir et comment faire face aux refus, l’intérêt d’écrire parfois sous pseudonyme, la lecture, le pouvoir de l’écrivain, la longueur des livres, les œuvres de commande, le rapport au lecteur, et surtout, le nerf de la guerre, l’argent, question qui revient régulièrement. Bref, c’est assez exhaustif, ouvre de nombreuses pistes à la réflexion, d’autant plus si l’on n’est pas tout à fait d’accord avec l’auteur, et je pense que tout aspirant écrivain aurait tout intérêt à lire cet ouvrage.
Reste la forme, par laquelle je ne suis pas tout à fait convaincue, malheureusement : plutôt qu’un véritable manuel comme on en trouve beaucoup, Martin Page a préféré faire quelque chose de plus souple, moins ennuyeux. Le problème, c’est que ce choix se révèle vite très artificiel : l’auteur semble rebondir sur les réflexions et les questions de Daria, à coup de « tu me dis que », « tu me demandes si », mais au final chaque lettre aborde un thème, une idée, un aspect de la vie d’écrivain, finalement comme dans un vrai manuel, Daria n’étant qu’un prétexte sans aucune épaisseur, et c’est dommage.
Mais au final, mon avis est quand même majoritairement positif : je me suis réglée à plonger dans le quotidien de cet écrivain, de manière presque cathartique d’ailleurs car je n’ai pas écrit une ligne depuis Bordeaux, et cela me pèse vraiment !
Manuel d’écriture et de survie
Martin PAGE
Seuil, 2014
*Vous vous souvenez du dessin animé Daria ? Et bien, ça vient de là !
Sur ma table de nuit, yapluka !
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Il se lit vite !
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je note malgré tes bémols!
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Ça reste une lecture enrichissante
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Même si mes aspirations d’écrivain sont en disparition ces temps ci, ce livre ne peut que m’intéresser ! je note.
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Voilà, le vilain google avait caché ton billet. ^_^ Bien sûr Daria n’existe pas, dommage;..
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Rhoooo, ce google !
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